C’est la tête bien haute que S.J. Green a bouclé la boucle en paraphant un contrat d’une journée pour prendre officiellement sa retraite comme membre des Alouettes, vendredi.
L’ancien receveur de passes, qui a fait écarquiller les yeux des amateurs à d’innombrables reprises avec ses attrapés spectaculaires, a passé les 10 premières saisons de sa carrière dans la Ligue canadienne de football à Montréal, y remportant au passage deux matchs de la coupe Grey.
Ce ne sont cependant pas les championnats ni les statistiques personnelles que Green évoquaient avec nostalgie. Il a d’ailleurs bombé légèrement le torse quand le collègue Miguel Bujold lui a rappelé qu’il avait mis ses talents de bloqueur de l’avant lors des premières entrevues qu’il donnait en 2007, alors qu’il tentait de se faire une place dans la formation des Moineaux.
«C’est ce qui définissait ma personnalité sur le terrain, a affirmé Green. J’avais l’impression que mes coéquipiers allaient savoir que je m’engagerais à 100 % si je m’impliquais dans ce qu’on peut appeler du sale boulot, soit de bloquer et de faire des choses qui ne sont pas nécessairement glorifiées. J’ai toujours voulu que mes coéquipiers sachent que j’étais là pour le bien collectif et pas pour mes statistiques.»
Persévérance
Pendant son glorieux passage avec les «Als», Green est devenu un joueur vedette du circuit canadien. Les gens oublient toutefois que l’Américain a dû patienter deux ans et demi sur l’équipe d’entraînement avant d’obtenir sa chance.
«Je voulais jouer au football chez les pros. C’était l’opportunité qu’on m’offrait et je me devais de la saisir», a-t-il répondu quand on lui a demandé pourquoi il a décidé de rester à Montréal, loin de sa famille et pour un salaire de crève-faim.
«J’ai appris énormément de leçons pendant ces moments où je ne jouais pas. Ça m’a permis de vouloir encore plus réussir. Ce processus m’a ébranlé, mais j’avais besoin de ces deux ans et demi pour me développer et prendre de la maturité.»
Coincé derrière les Ben Cahoon, Jamel Richardson et Kerry Watkins, Green a tenu à souligner qu’il n’aurait jamais connu la même carrière sans avoir regardé et appris de ces joueurs étoiles. Il a également évoqué l’impact qu’a eu l’entraîneur-chef Marc Trestman sur son développement. Le pilote a été son coach chez les Alouettes (2008 à 2012) et chez les Argonauts de Toronto (2017-2018).
«Marc Trestman m’a fait découvrir des ressources que je ne croyais pas avoir en moi. Il m’a permis de me regarder dans le miroir et de comprendre pourquoi je n’obtenais pas de temps de jeu. Sa façon d’entraîner et d’enseigner m’a permis de faire des choses que je n’avais jamais pensé faire auparavant dans ma préparation. C’est ce qui a catapulté ma carrière.»
Fermer un chapitre
N’ayant pas joué depuis plusieurs années, Green est heureux de pouvoir mettre officiellement un terme à sa carrière de footballeur sous les couleurs des Alouettes.
«Je me trouve bien chanceux de pouvoir être ici. C’est une manière de fermer ce chapitre de ma vie. Ma dernière saison était en 2019 et j’ai eu de la difficulté à ne plus avoir ce sport dans mon quotidien. J’ai tout de même été capable de me redécouvrir dans les dernières années et de me trouver de nouveaux buts. Je passe du temps avec ma famille et je comprends maintenant ce qu’est la vie sans le football.»
Le natif du Texas renouera par ailleurs avec les partisans montréalais ce samedi, alors qu’il sera honoré pendant le match contre les «Argos» au Stade Percival-Molson.
«Je vais profiter de ce moment. Quand tu joues, tu ne profites pas pleinement de l’ambiance. Quand je vais faire mon entrée sur le terrain et que je vais voir les partisans demain [samedi], je vais prendre le temps d’apprécier à 100%.»
Le fameux attrapé de S.J. Green
Les jeux spectaculaires qu’a réussis S.J. Green ne se comptent pas sur les doigts des mains, mais il y a toutefois un de ses attrapés qui restera à jamais dans la mémoire des amateurs.
Le 1er juillet 2010, pendant le premier match de cette saison, l’ancien numéro 19 des Moineaux a réussi ce qui est considéré par plusieurs comme étant l’attrapé le plus spectaculaire de l’histoire de la LCF.
En prolongation, contre les Roughriders de la Saskatchewan, Green a plongé de tout son long pour capter le ballon d’une seule main dans la zone des buts, alors que le précieux objet semblait se diriger à l’extérieur des limites du terrain.
«Je m’en souviens comme si c’était hier», a dit Green, en racontant que le quart-arrière Anthony Calvillo venait d’appeler le même jeu deux fois de suite et qu’il a tenté de faire son tracé différemment.
«Ce qui est incroyable avec cet attrapé, c’est la préparation que j’avais faite pendant la saison morte, a-t-il poursuivi. Mon beau-père et moi, nous allions sur le terrain au moins quatre fois par semaine. Nous pratiquions les catchs spectaculaires, ceux qui sont difficiles à faire. Quand j’ai réussi cet attrapé, j’ai réalisé comment la préparation était importante. C’est quelque chose qui a changé ma vie.»
Le retour qui n’a pas eu lieu
Dans un autre ordre d’idée, Danny Maciocia a révélé qu’il a tenté de rapatrier Green lors de ses premiers moments en poste comme directeur général.
«En 2020, j’ai eu quelques discussions avec S.J., car j’aurais aimé le ramener dans le giron de l’équipe.»
Il n’y a finalement pas eu de saison 2020, et ce, en raison de la pandémie de COVID-19. Green a ainsi disputé son dernier match avec les Argonauts de Toronto, l’équipe avec laquelle il a passé ses trois dernières saisons.