La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, ne mâche pas ses mots au moment de critiquer Hockey Canada, parlant même de «problèmes systémiques» afin de qualifier la situation entourant les dossiers d’agressions sexuelles qui touchent la discipline.
• À lire aussi: Scandale Équipe Canada junior 2018: Drake Batherson sort de son mutisme
«Les histoires que nous lisons sont profondément dérangeantes et écœurantes, a émis la ministre St-Onge, jeudi, lorsqu’interrogée par CBC News. Ce n’est pas la première fois que nous parlons d’une culture toxique au hockey. Or, rien n’a été fait, ou rien de convaincant n’a été fait au cours des 10 dernières années.»
La ministre des Sports réagissait du même coup à une vaste enquête journalistique de CBC, par le biais de l’émission The Fifth Estate, à l’issue de laquelle une quinzaine d’agressions sexuelles présumées ont été répertoriées dans les dernières décennies au Canada, soit depuis 1989. Celles-ci, qui auraient été commises en groupe, impliqueraient pour la plupart des joueurs évoluant au niveau junior.
«Il y a aussi tous ces gens en position d’autorité qui ont échoué durant toutes ces années», a aussi déclaré la ministre St-Onge.
Ce n’est pas la première fois que la femme politique se fait véhémente à l’endroit de Hockey Canada. Plus tôt ce mois-ci, elle avait critiqué un sondage effectué par la fédération qui portait sur les agressions sexuelles, dont la prétendue exagération des médias dans ce dossier.
Mme St-Onge avait qualifié le tout «de gestion de relations publiques», arguant que l’organisation «n’assumait pas la responsabilité pour leur gestion de crise.».
Chamboulements
L’histoire de viol collectif à London par des membres d’Équipe Canada junior est celle qui a mis le feu aux poudres au mois de mai. Le règlement à l’amiable avec la victime alléguée de 24 ans a été en partie camouflé par la fédération, qui possédait un fonds de réclamations pour les agressions sexuelles.
Depuis la mise en place en 1989 de cette ressource, neuf paiements ont été effectués pour un montant total de 7,6 millions $, selon ce qu’avait déclaré le chef des finances à Hockey Canada, Brian Cairo, en commission parlementaire.
Une seconde histoire sordide, survenue en 2003 à Halifax, pendant le Championnat mondial junior, est venue ternir une fois de plus l’image de Hockey Canada. Il s’agirait encore une fois d’une agression en groupe sur une femme semblant inconsciente par une demi-douzaine de hockeyeurs.
Le premier ministre, Justin Trudeau, a dit à plusieurs reprises que lui et les Canadiens n’avaient plus confiance envers la fédération, condamnée pour son climat toxique. En juin, le gouvernement fédéral avait suspendu le financement à Hockey Canada, en plus de la perte de plusieurs commanditaires importants.
À la suite de la démission du président du conseil d’administration Michael Brind’Amour le 6 août et son remplacement intérimaire par Andrea Skinner, Hockey Canada a dévoilé les grandes lignes de son plan d’action pour le futur.
La révision de sa gouvernance, effectuée par un comité indépendant, devrait être complétée en novembre prochain, à temps pour son assemblée générale annuelle.