Tinder a vu le jour en 2012 et est aujourd’hui l’app de rencontre la plus téléchargée au monde. Mais Tinder rime aussi avec « ghosting », « dating fatigue » et consumérisme amoureux.
« Aujourd’hui, Tinder a encore plus de pouvoir, il façonne nos rencontres », explique dans Le Point J Jessica Pidoux, chercheuse à Sciences Po Paris, spécialiste des algorithmes des applications de rencontre et directrice de PersonalData.IO.
La plateforme a notamment fait évoluer ses techniques pour traiter les données personnelles. « Tinder utilise du réseau de neurones, qui permet de déduire nos préférences au-delà de ce qu’on déclare sur l’application, juste à partir du swipe », détaille-t-elle.
« Ainsi, si je donne beaucoup de préférences à une femme blanche, le système va apprendre et me présenter systématiquement ce type de profil. Cela est problématique, car l’application ne nous propose aucune diversité et nous garde dans une bulle algorithmique. »
La drague en ligne est devenue aujourd’hui une pratique d’élimination de partenaires non désirables et non pas une pratique de choix et de séduction
Autre constat avancé par la spécialiste: la volonté de Tinder de retenir ses utilisateurs et utilisatrices pour générer du profit. « Les gens réalisent qu’en restant trop connectés, ils n’établissent pas de lien, face à face, hors ligne. »
« En même temps, Tinder a créé un marché ouvert, avec beaucoup de personnes présentes sur l’app, ce qui augmente la probabilité de tomber sur quelqu’un que l’on n’aime pas », nuance Jessica Pidoux.
« On peut faire tout à fait sans Tinder », conclut-elle. « On peut passer par la famille ou les amis, mais en se donnant du temps, car la drague est une technique… qui prend du temps! »
Pourquoi Instagram devient un lieu de drague? C’est quoi exactement la « dating fatigue »? Que peut-on faire pour contrer les biais de l’algorithme?
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Juliane Roncoroni et l’équipe du Point J
