Paetongtarn Shinawatra, la fille de l’ancien Premier ministre Thaksin et de l’ancienne Première ministre Yingluck Shinawatra, est en lice pour devenir la prochaine Premier ministre de la Thaïlande, représentant le parti d’opposition Pheu Thai. À l’approche des élections de mai 2022, elle a déjà capté l’attention des électeurs grâce à des promesses de politique populiste, telles que le doublement du salaire minimum, l’extension des soins de santé et la réduction des tarifs des transports publics. La jeune femme, âgée de 36 ans, est la troisième membre de la famille Shinawatra à briguer le poste de Premier ministre et se battra contre l’actuel Premier ministre, Prayut Chan-o-cha, ancien chef de l’armée qui a pris le pouvoir en 2014 après le renversement du gouvernement Pheu Thai de Yingluck Shinawatra.
Cependant, la famille Shinawatra a un passé politique tumultueux. Le père de Paetongtarn a été renversé par un coup d’État militaire en 2006, tandis que sa tante a subi le même sort huit ans plus tard. Le parti d’opposition Pheu Thai a remporté les dernières élections, mais a été exclu du pouvoir par des moyens militaires. La Constitution actuelle du pays, rédigée par l’armée après le coup d’État de 2014, accorde également au Sénat, qui compte 250 membres et est composé d’alliés de l’establishment militaire, un pouvoir considérable pour influencer la nomination du Premier ministre.
Néanmoins, Paetongtarn est confiante quant aux chances de son parti de remporter les élections. Elle a déclaré à des milliers de partisans habillés en rouge, la couleur symbolique du parti, lors d’un rassemblement de campagne cette semaine : « Nous avons remporté des élections mais nous avons aussi subi des coups d’État. Nous allons travailler ensemble pour ramener la démocratie, rétablir la prospérité de la nation et du peuple, qui ont été perdus depuis près d’une décennie. (Les Thaïlandais) ont déjà beaucoup souffert, nous ne voulons pas d’un autre coup d’État ».
Les élections de mai 2022 en Thaïlande seront les premières depuis les manifestations pro-démocratie de 2020, qui ont appelé à la réduction des pouvoirs de la monarchie et de l’armée. Avec la pandémie ayant frappé de plein fouet le secteur touristique, les promesses de Paetongtarn de stimuler l’économie et de ramener la démocratie pourraient bien séduire les électeurs.
Cependant, en tant que membre de la famille Shinawatra, Paetongtarn fait également face à des défis, notamment des insinuations de corruption et de népotisme. Les critiques sexistes et misogynes ont également entouré sa tante lorsqu’elle a exercé la fonction de Premier ministre, et Paetongtarn risque de connaître le même sort si elle est élue. Certains remettent également en question la capacité de la notoriété de la famille Shinawatra à propulser Paetongtarn à la tête du pays, étant donné la division croissante des jeunes électeurs thaïlandais.