En étant franche à propos de ses failles et vulnérable comme elle ne l’a possiblement jamais été, Taylor Swift vient de mettre au monde, avec Midnights, son album le plus mature. Vous devrez cependant y mettre du vôtre pour en tirer tous les bénéfices.
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Sur la planète musique, il y a désormais Taylor Swift et les autres.
Photo courtoisie
La pochette de l’album Midnights, de Taylor Swift, paru ce vendredi.
Le lancement de chaque nouvelle création de l’idole de 32 ans, en particulier depuis qu’elle a surpris tout le monde en opérant avec succès un virage folk indie sur Folklore en 2020, devient l’événement de la saison.
Midnights n’a pas fait exception. Depuis qu’elle a annoncé l’arrivée prochaine de son 10e album, sur la scène des MTV Video Music Awards, le 28 août, la moindre publication de Swift sur les réseaux sociaux est analysée par des admirateurs en quête de messages codés à propos de la signification de ses 13 (le retour de son nombre fétiche) titres.
La presse musicale n’est pas en reste. Dès les premières heures de sa sortie, à minuit dans la nuit de jeudi à hier, Midnights a été disséqué dans tous ses replis et porté aux nues.
Puis, à trois heures du matin, l’intrigante Taylor balançait sur internet une version de luxe comprenant sept titres supplémentaires, rien de moins.
Sombre pop
Qu’en est-il donc ? Même si elle fait un clin d’œil à son intermède folk de Folklore et Evermore dans la chanson Sweet Nothing, Midnights marque le retour de Taylor Swift à la pop, mais dans une enveloppe sonore plus sombre flirtant avec l’électro, la house et le trap, créée à quatre mains avec son complice de longue date, Jack Antonoff.
Midnights est un album homogène qui demande d’être apprivoisé. Il n’y a pas de feux d’artifice pop comme Shake It Off, pas de ballade apaisante qui tire en plein cœur comme Cardigan.
C’est à la répétition des écoutes que se révèlent ses trésors, à commencer par Vigilante Shit, obsédant récit de vengeance (les cibles seraient ses ennemis récurrents Scooter Braun et Kanye West) dont le rythme minimaliste et le climat anxiogène rappellent l’offre de Billie Eilish.
Le duo vaporeux Snow On The Beach, avec Lana Del Rey, de même que la brillante et androgyne Midnight Rain sont deux autres exemples probants que les auditeurs prêts à s’investir seront récompensés.
Autoflagellation
Taylor Swift ne se donne pas toujours le beau rôle. Le premier extrait Anti-Hero, possiblement la chanson la plus facilement apprivoisable de l’album, la voit plonger avec lucidité dans ses insécurités et même s’autoflageller quand elle chante « Je suis le problème, c’est moi ». Elle se présente même en manipulatrice manichéenne face à un partenaire amoureux convoité dans Mastermind, un autre fait saillant du disque.
S’il est traversé par les doutes et questionnements existentiels de son artisane, Midnights est son album où on la sent le plus en contrôle, la plus confiante en ses moyens, la plus mature.
Sa voix, à la fois forte et cristalline, trahit autant sa vulnérabilité que sa force intérieure. Taylor Swift a encore grandi et elle se trouve au sommet de son art.
Midnights ★★★★
