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« L’opération est la reconnaissance d’un échec stratégique, celui de constituer un grand groupe de médias unifié »

« L’opération est la reconnaissance d’un échec stratégique, celui de constituer un grand groupe de médias unifié »


L’homme d’affaires Vincent Bolloré, au Sénat, à Paris, le 19 janvier 2022.

Comme un adolescent contrarié par ses origines, Vivendi a toujours eu un problème d’identité. Avant 1997, la société s’appelait Compagnie générale des eaux. Jamais le périmètre et la stratégie de l’entreprise n’ont été clairs et stables. La convergence avec les télécoms dans les années 2000 a fait long feu, la dette colossale de l’achat d’Universal en 2000 a été absorbée par la vente de la plupart des activités.

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Les patrons se sont succédé, tentant de donner de la cohérence à une collection mouvante d’actifs plus ou moins prestigieux et s’étonnant sans cesse que la Bourse, interloquée, ne reconnaisse pas ses actifs à leur juste valeur.

L’arrivée de Vincent Bolloré, en 2014, et sa prise de pouvoir progressive à la faveur de l’intégration du groupe publicitaire Havas, a ajouté à l’instabilité. Le groupe a vendu ses plus beaux actifs, le téléphone mobile, les jeux vidéo, puis la musique d’Universal.

L’homme d’affaires breton décide aujourd’hui de bousculer de nouveau un groupe dont la logique s’est depuis longtemps perdue dans les sables. Comme la Bourse persiste à ne rien comprendre et à dévaloriser Vivendi, le groupe va éclater en filiales cotées, comme Havas, Canal+, Lagardère… En bon financier, Vincent Bolloré va extraire une valeur supplémentaire de ces actifs, comme il l’avait fait avec la mise en Bourse d’Universal, en 2021. Une opération qui est aussi la reconnaissance d’un échec stratégique, celui de constituer un grand groupe de médias unifié.

Cure de minceur

Ce procédé de mise en Bourse de ses filiales s’appelle en anglais un split, quand les actions sont distribuées aux actionnaires de la maison mère, et un spin-off, quand elle est accompagnée d’une augmentation de capital. La Bourse, actuellement à la recherche de poches de croissance, fait en ce moment la fête aux splits. Beaucoup d’entreprises en mal d’identité ou en transition difficile en profitent pour entamer une cure de minceur.

Le chimiste belge Solvay, confronté au déclin de la chimie en Europe face à la hausse des coûts de l’énergie, s’est discrètement coupé en deux. L’activité de chimie de spécialité, qui a le vent en poupe avec la transition énergétique, s’appelle désormais Syensqo. Après son premier jour de cotation, lundi 11 décembre, son cours a bondi de 27 % en quarante-huit heures. Le Solvay traditionnel en a aussi profité, en grimpant de 18 %.

D’autres opérations de ce type en Europe ont produit des résultats similaires. Un bon augure pour les candidats français de 2024, comme Renault, qui va mettre en Bourse son activité de voitures électriques, Sodexo, avec sa filiale de titres-restaurant, Atos, voire Sanofi, qui veut donner sa liberté à sa division santé. La stratégie financière de court terme a encore de beaux jours devant elle.

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