La politique actuelle d’aide aux médias est qualifiée « d’ancien régime » resté figé dans l’ère analogique, estime Avenir Suisse. Seul le volume des subventions augmente sans cesse, et fausse la concurrence. Le groupe de réflexion privé plaide pour un nouveau régime des médias adapté à l’ère du numérique et des soutiens ciblés.
La Confédération, les cantons et les communes subventionnent aujourd’hui le paysage médiatique suisse à hauteur de plus de 1,5 milliard de francs par an, écrit Avenir Suisse dans un papier publié lundi. Ce montant, financé par la redevance et les impôts, profite à la presse écrite ainsi qu’à la radio et la télévision linéaires – et à 80% à la SSR.
Des entreprises publiques telles que La Poste alimentent aussi l’aide aux médias. Et dans le canton de Vaud par exemple, les pouvoirs publics placent des annonces dans les médias régionaux à des fins de subventions. Toutes ces interventions favorisent une vaste distorsion de la concurrence, ce qui nuit aux acteurs privés et donc à la diversité, estime le think tank libéral d’orientation libérale.
La pandémie a induit une « véritable avalanche de subventions » au quatrième pouvoir, critique Avenir Suisse. Il affirme que « ces efforts visent à maintenir à tout prix le régime des médias dans sa forme actuelle », au lieu de créer des conditions-cadre modernes pour les médias numériques.
Repenser les médias publics
Pour les auteurs de l’étude, « la diversité des médias s’est déplacée vers les plateformes numériques ». Ils soulignent le fait que le nombre de professionnels des médias est relativement stable depuis des années: en 2020, la Suisse comptait en moyenne environ 5 journalistes par commune.
Avenir Suisse avance ses propositions pour adapter la politique médiatique. A court terme, il suggère de recentrer le mandat de prestations de la SSR sur les contenus médias qui ne sont pas proposés sur le marché privé et d’imposer au géant médiatique « un plan de revenu contraignant ».
En plus du prélèvement obligatoire, la SSR pourrait aussi être financée par un modèle complémentaire d’abonnement payant pour les contenus numériques. « Si vous envoyez une lettre par la poste, si vous prenez le train avec les CFF, c’est un service public, mais il y a quand même une contribution et si on pouvait mettre une sorte d’abonnement, on réduirait la distorsion de la concurrence que l’on a avec les journaux classiques », explique Jérôme Cosandey, directeur romand d’Avenir Suisse, lundi dans La Matinale. « On continuerait de regarder la télévision, d’écouter la radio gratuitement, mais pour ce qui est du numérique, on se mettrait à niveau par rapport aux offres des journaux traditionnels. »
>> Ecouter la réaction dans La Matinale de Bertil Cottier, professeur honoraire de droit des médias à l’Université de Lausanne:
Contenus aux enchères
A long terme, les auteurs plaident pour des réformes en profondeur. A l’instar de ce qui se fait en recherche fondamentale, des aides ciblées aux projets ou personnes pourraient remédier aux défaillances du marché – par exemple dans le domaine du journalisme d’investigation.
A long terme toujours, la SSR pourrait, sur la base d’un mandat de prestations, fournir des contenus médias importants pour la société, que le marché est incapable de produire. Mais contrairement à aujourd’hui, elle ne diffuserait pas ces contenus, mais en vendrait les droits aux enchères aux médias privés.
ats/miro