Bien au-delà des bassins de piscines, le sujet provoque des remous qui n’ont rien de clapotis. En remportant, en mars 2022, l’épreuve du 500 yards (457 mètres) en nage libre des championnats universitaires américains (NCAA), la nageuse Lia Thomas a ravivé une polémique ancienne. Transgenre, la sociétaire de l’université de Pennsylvanie concourait, il y a encore quatre ans, dans les compétitions masculines. Ses performances sportives ont largement été submergées par les joutes verbales suscitées par son combat pour l’égalité des chances dans le sport et des droits des personnes qui changent de genre.
Trois mois après la victoire de Lia Thomas, la Fédération internationale de natation (FINA) décidait, à l’issue d’un congrès extraordinaire, de mettre en place une « catégorie ouverte » aux athlètes transgenres. « Chacun d’entre nous doit toujours, dans les limites des principes d’équité, garantir l’inclusion de tous les individus quelle que soit leur orientation de genre », explique alors l’instance internationale. Dans les faits, cette politique d’inclusivité interdit aux athlètes assignées hommes à la naissance et devenus femmes de concourir dans les catégories féminines, à moins d’avoir fait leur transition avant la puberté. La compétition masculine, elle, devrait en revanche rester ouverte à tous les athlètes.
Ainsi était tranchée, pour la natation, une question qui divise tous les milieux sportifs : d’un côté, ceux qui défendent le droit des personnes transgenres à concourir dans leur nouvelle catégorie ; et, de l’autre, ceux qui estiment que celles-ci bénéficient d’un avantage physiologique, même après avoir suivi un traitement hormonal – en matière de masse osseuse et musculaire, de force ou de taille –, et vont jusqu’à invoquer le dopage en ex-Allemagne de l’Est (RDA) dans les années 1970.
De rares recherches
Le débat n’est pas récent. En août 1977, la Cour suprême américaine tranchait en faveur de la joueuse de tennis Renée Richards, interdite de disputer l’US Open chez les dames – la joueuse atteignit cette année-là la finale du tournoi du Grand Chelem américain en double. Déjà, alors, ces interrogations émergent : une personne transgenre risque-t-elle de rompre l’équité sportive ? Qu’en est-il de l’égalité des chances entre les joueuses ?
Comme l’ont également montré les polémiques à propos de l’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard, devenue en 2021 la première femme transgenre à participer aux Jeux olympiques (JO), parvenir à équilibrer inclusivité et équité lorsqu’il est question de l’éligibilité des athlètes transgenres est l’un des problèmes les plus complexes – et les plus controversés – du sport. Des deux côtés, les arguments raisonnés ne manquent pas.
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