La fusée Starship de SpaceX, la plus grande au monde, devait effectuer son premier décollage le 17 avril 2023. Cependant, la mission a été reportée à une date ultérieure en raison d’un problème technique rencontré lors de la dernière minute des préparatifs. « Une valve semble être gelée », a tweeté Elon Musk, le PDG de SpaceX, avant de confirmer le report. La fusée doit être lancée depuis la base spatiale Starbase, située à l’extrême sud du Texas, aux États-Unis.
La fusée Starship appartient à la catégorie des lanceurs super-lourds, capables de transporter plus de 100 tonnes de cargaison en orbite. Sa puissance au décollage doit être plus de deux fois supérieure à celle de la légendaire Saturn V, la fusée du programme lunaire Apollo. Elle est destinée à des voyages vers la Lune et Mars.
Cependant, ce mastodonte noir et argenté, qui fonctionne à l’oxygène et au méthane liquides, n’a encore jamais volé dans sa configuration complète, avec son premier étage surpuissant, appelé Super Heavy. Seul le deuxième étage du véhicule, le vaisseau Starship qui donne par extension son nom à la fusée entière, a effectué des tests suborbitaux à environ 10 km d’altitude.
Le plan de vol pour ce premier décollage était le suivant : environ trois minutes après le décollage, Super Heavy devait se détacher et retomber dans les eaux du golfe du Mexique. Le vaisseau Starship devait alors continuer seul son ascension, et effectuer un peu moins d’un tour de Terre avant de retomber dans l’océan Pacifique. Cela reste le « meilleur scénario », avait fait savoir SpaceX, tant l’issue du test est incertaine.
Lorsque le décollage sera tenté à nouveau, Elon Musk a simplement souhaité qu’il ne détruise pas l’aire de lancement. Sa crainte est qu’un des 33 moteurs Raptor de Super Heavy explose et provoque un « effet domino » en se propageant aux autres. « Cela prendrait sûrement plusieurs mois pour reconstruire le pas de tir si nous le faisons fondre », a-t-il dit.
Ce vol inaugural doit être suivi de très près par la NASA. En effet, l’agence spatiale américaine a choisi ce vaisseau pour faire alunir, pour la première fois en plus d’un demi-siècle, ses astronautes sur la Lune, lors de la mission Artemis 3 officiellement prévue en 2025. Les astronautes décolleront séparément à bord de la nouvelle méga-fusée de la NASA, SLS, et se rendront jusqu’à la Lune dans la capsule Orion, qui s’amarrera alors au vaisseau Starship préalablement placé en orbite lunaire. C’est lui qui fera descendre les astronautes sur la surface de la Lune. Sans cet alunisseur, la mission Artemis 3 ne pourra pas avoir lieu.
À l’avenir, la fusée doit être entièrement réutilisable. Super Heavy devra revenir se poser contre sa tour de lancement, équipée de bras pour l’attraper. Le vaisseau Starship devra, lui, revenir se poser sur Terre à l’aide de rétrofusées. Cette manœuvre avait été tentée plusieurs fois en 2020 et 2021, mais plusieurs prototypes étaient redescendus trop vite et avaient percuté le sol dans d’impressionnantes explosions avant que l’un d’eux ne réussisse finalement son atterrissage.
L’idée d’un lanceur réutilisable, la grande stratégie d’Elon Musk, est de casser les prix. Chaque vol de Starship pourrait à terme ne coûter que « quelques millions » de dollars, a-t-il répété dimanche. Mais pour Elon Musk, Starship est surtout le vaisseau qui doit permettre à l’humanité de devenir multiplanétaire : « Nous avons un chemin ardu de deux ou trois ans devant nous (…) mais à la fin nous devrions avoir quelque chose qui permette d’installer une base sur la Lune et sur Mars. »