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Le chancelier allemand Olaf Scholz a atterri vendredi matin à Pékin, pour la première visite en Chine d’un dirigeant de l’Union européenne et du G7 depuis le début de la pandémie. Alors que ce voyage est vu d’un œil critique par les alliés de Berlin, il a promis « de ne pas faire l’impasse sur les controverses » face au régime autoritaire chinois.
Le chancelier allemand Olaf Scholz est arrivé vendredi 4 novembre à Pékin pour une visite très controversée dans un contexte de défiance croissante de l’Occident face au régime autoritaire chinois.
Son avion a atterri dans la capitale chinoise vers 9 h 40 (1 h 40 GMT), selon un journaliste de l’AFP à bord, pour cette visite qui est la première d’un dirigeant de l’UE et du G7 depuis le début de la pandémie. La stricte politique zéro Covid a conduit la deuxième puissance économique du monde à fermer ses frontières depuis bientôt trois ans.
Cette visite d’un jour, qui survient juste après la reconduction de Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois et du pays tout entier, est vue d’un œil critique non seulement en Allemagne, mais aussi en France, à Bruxelles et Washington.
Renouant avec les visites en Chine de sa prédécesseuse, la démocrate-chrétienne Angela Merkel (12 voyages en 16 ans de pouvoir), le social-démocrate Scholz emmène avec lui toute une délégation d’industriels, comme les patrons de Volkswagen et BASF.
Or, la dépendance de la première économie de l’UE à cette autocratie, où les entreprises allemandes réalisent une part importante de leurs profits, est de plus en plus remise en question.
« Avec son voyage en Chine, le chancelier poursuit une politique étrangère qui conduit à la perte de confiance en l’Allemagne chez nos partenaires les plus proches », a fustigé un député de l’opposition, Norbert Röttgen, déplorant « une démarche solitaire ».
« La Chine change »
Et même au sein de la coalition gouvernementale, les avertissements sont de mise : la ministre des Affaires étrangères, l’écologiste Annalena Baerbock, a exhorté à « ne plus dépendre d’un pays qui ne partage pas nos valeurs », au risque de se rendre « politiquement vulnérables au chantage ».
Or quelques jours avant le voyage, le chancelier allemand a autorisé une prise de participation chinoise dans le terminal portuaire de Hambourg (nord). Washington a d’ailleurs fait pression sur Berlin pour limiter la part cédée au groupe Cosco.
Tentant de calmer les esprits, Olaf Scholz a promis « de ne pas faire l’impasse sur les controverses » au cours de cette visite où il doit rencontrer Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang.
Dans une tribune publiée juste avant son départ, le chancelier se dit conscient que « la Chine d’aujourd’hui n’est plus la même qu’il y a cinq ou dix ans », citant notamment le récent congrès du Parti communiste chinois qui a cimenté le pouvoir du président Xi Jinping. « Si la Chine change, nos relations avec la Chine doivent changer aussi », a admis le chancelier allemand, esquissant un prudent changement de cap.
Pas d’interférence
Dans le domaine économique, il n’envisage pas de découplage vis-à-vis de la Chine mais une réduction des « dépendances unilatérales » avec « sens des proportions et pragmatisme ».
Il a égrainé les « sujets difficiles » qu’il comptait aborder lors de ses entretiens. Parmi eux, « le respect des libertés civiles et politiques ainsi que les droits des minorités ethniques », comme les Ouïghours musulmans du Xinjiang.
Mais à Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a prévenu : « La partie chinoise est opposée à toute interférence dans nos affaires internes et de tout dénigrement sous couvert de discussions sur les droits de l’Homme. »
Le chancelier a aussi promis d’évoquer « la situation tendue autour de Taïwan » et la guerre en Ukraine alors que la Chine revendique sa « neutralité » – vue par les Occidentaux comme un soutien tacite au Kremlin.
« Il est logique que Scholz et Xi apprennent à mieux se connaître en personne. Une ligne directe avec Pékin pourrait également être utile au regard du risque d’escalade de la guerre d’agression de la Russie en Ukraine », note Mikko Huotari, directeur de l’institut Mercator d’études chinoises (Merics) à Berlin. Mais il estime que le dirigeant allemand doit clarifier son message pour expliquer « à son propre gouvernement, à l’Europe et à la Chine l’orientation de la politique chinoise de l’Allemagne ».
Avec AFP