Le 2 février, Patrick Drahi n’est pas seul face à la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias. Assis dans l’aile gauche de la salle d’audience, trois « Drahi boys », comme on surnomme les fidèles de l’homme d’affaires, accompagnent du regard le président et propriétaire d’Altice, la maison mère de l’opérateur de télécoms SFR et des chaînes RMC et BFM-TV. Arthur Dreyfuss, le patron des médias d’Altice, les activités qui intéressent les sénateurs, est évidemment là. Grégory Rabuel, PDG d’Altice France à l’époque – il sera remercié en août –, est également présent.
Le troisième accompagnant est le plus Drahi des trois « boys » : il s’agit de David, l’un des deux fils de Patrick. Le port obligatoire du masque en cette cinquième vague de Covid-19 et sa position dans la salle le rendent presque invisible. Pourtant, sa présence à cette audition éclaire sur sa nouvelle stature dans un groupe où il est appelé à prendre la suite de son père. Quelques semaines plus tard, en mars, il sera d’ailleurs nommé codirecteur général d’Altice Europe, chargé des technologies et du développement.
Sa nomination s’est faite discrètement, au milieu d’une série d’autres promotions, comme s’il ne fallait pas donner plus d’importance à cette prise de fonctions qu’à une autre. Le moment est pourtant bien choisi, vingt ans après l’acquisition par Patrick Drahi et son fidèle bras droit, Armando Pereira, d’un premier câblo-opérateur en Alsace, sur lequel ils bâtiront Altice. « Vingt ans, c’est une génération : il est temps maintenant de commencer la transition vers la génération suivante », explique le fondateur d’Altice dans un e-mail réservé à ses salariés, alors que d’autres dirigeants auraient aimé mettre en scène leur succession filiale, photos et interview à l’appui.
« Beaucoup d’engagement personnel »
La famille Drahi, elle, fuit l’exposition médiatique. David Drahi, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, aurait d’ailleurs préféré que Le Monde ne s’intéresse pas à lui. Mais voilà, avec ses nouvelles fonctions, le jeune dirigeant de 27 ans doit sortir de l’ombre de son père. Depuis plusieurs mois, il se montre d’ailleurs plus souvent au siège d’Altice, dans le 15e arrondissement de Paris. Un cadre historique de l’entreprise le « croise fréquemment au 7e étage, celui de la présidence ». David Drahi mène des réunions avec les cadres et négocie des contrats. Patrick Drahi n’hésite pas à confier à son fils des missions stratégiques.
Patrick Drahi n’a jamais caché sa volonté de transmettre son empire à ses quatre enfants. Ils sont programmés pour ça, chacun sur son territoire
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