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La montée en puissance des mannequins sud-soudanais

La montée en puissance des mannequins sud-soudanais


LETTRE DE JUBA

Majda John Peter remporte la finale du concours Elite Model Look of the Year, à Prague, le 31 août 2022.

« Les rêves comptent ! A toute personne dans le monde : n’arrêtez jamais de rêver. » C’est le message que Majda John Peter, mannequin sud-soudanaise de 17 ans, a écrit sur Instagram après avoir remporté la 39édition du concours Elite Model Look of the Year, dont la finale s’est déroulée le 31 août à Prague.

Première Sud-Soudanaise à gagner la très prestigieuse compétition, la native de Bentiu, une région du nord du Soudan du Sud ravagée par la guerre civile, fait ainsi une entrée fulgurante dans le milieu de la mode avec, dans la foulée de sa victoire, des premiers défilés à la fashion week de Paris, fin septembre, et une première couverture de magazine, celle du Vogue Czechoslovakia.

Son succès vient confirmer une tendance : l’attrait exercé ces dernières années par la beauté des mannequins sud-soudanaises, au sein d’une industrie longtemps dominée par des critères esthétiques européens. Peau noire et lisse, silhouette effilée, cheveux afro tressés révélant l’élégance de sa nuque et de son port de tête : la beauté de Majda John Peter est celle de beaucoup de femmes du Soudan du Sud.

Alek Wek, top model anglaise originaire de Wau, au Soudan du Sud, avait su la faire éclater au grand jour au milieu des années 1990. « Célèbre mannequin, elle était noire comme la nuit, elle était sur tous les podiums et dans tous les magazines et tout le monde parlait de sa beauté », confiait l’actrice kényane Lupita Nyong’o en 2014, pour dire combien ce succès l’avait aidée, adolescente, à sortir de la « haine de soi ».

« Futures stars »

Depuis, le type de beauté qu’incarnent les Sud-Soudanaises est devenu très prisé des créateurs de mode et des marques de vêtements. Le nombre de mannequins sud-soudanaises ou d’origine sud-soudanaise a explosé. Sur les cinquante modèles répertoriés comme « futures stars » par le site Models.com, six sont d’origine sud-soudanaise. Simple tendance passagère ou bien changement profond au sein d’une industrie critiquée pour son manque de diversité ?

En 2020, la créatrice Stella McCartney affirmait voir en la mannequin Achenrin Madit « le visage du futur de la mode », discernant à travers elle « une génération montante qui prône l’inclusivité, la diversité et la durabilité dans la mode. Ce ne sont pas des tendances, mais des moyens significatifs de réparer une industrie en panne, nous reconnectant les uns aux autres et à la Terre mère ».

Duckie Thot, Anok Yai, Ajok Madel, Akon Changkou… Autant de stars dont l’image peuple les magazines, campagnes publicitaires et réseaux sociaux depuis quelques années. Sans oublier la « bombe » Adut Akech, 22 ans, consacrée « Model of the Year » en 2018 et 2019 par le British Council of Fashion. Celle qui a passé ses premières années dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya, avant de partir pour l’Australie collectionne les couvertures de prestigieux magazines de mode. Il y a un an, elle faisait l’acquisition d’une villa à Los Angeles pour 2,8 millions de dollars.

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