Partout où il va à travers le monde, Nicholas Lyons, le lord-maire de la City, fait face aux mêmes questions, sur un ton généralement sidéré. « Mais que se passe-t-il donc au Royaume-Uni, depuis le Brexit ? Est-ce que le pays se replie sur lui-même ? »
Le lord-maire est un étrange rôle. Le poste existe depuis un millénaire et M. Lyons est le 694e à obtenir ce titre, obtenu via une très discrète élection interne des représentants de ce cœur historique de la capitale britannique. Son vrai rôle n’est pas de gérer le quartier, mais d’être « l’ambassadeur de la place financière londonienne », selon ses mots. Ce lobbyiste en chef de la City, qui a pris son poste en novembre 2022, est en déplacement à l’étranger près d’une centaine de jours pendant l’année que dure son mandat.
Il s’est déjà rendu aux Etats-Unis – où il a notamment rencontré Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, Larry Fink, celui de BlackRock, et Michael Bloomberg, l’ancien maire de New York et fondateur de l’empire de données financières éponyme en Australie et au Moyen-Orient. Et partout, il fait face au même barrage de questions incrédules : comment le Royaume-Uni, et la City avec lui, a-t-il pu ainsi devenir la proie des risées internationales ?
Dans une interview à un groupe de journalistes européens, dont Le Monde, M. Lyons, ton direct et style peu diplomatique, ne cache pas son agacement. « La City a été très patiente depuis ce vote il y a six ans [le Brexit a été voté le 23 juin 2016]. On a essayé de laisser au gouvernement une chance de démontrer qu’il y avait des opportunités à se retirer de l’Union européenne [UE]. » Il n’a guère été convaincu. « La City n’a jamais été fan du retrait de l’UE. On était au cœur de la plus importante zone commerciale au monde, et notre relation a soudain été complètement chamboulée. Parmi les financiers, je crois qu’il y a énormément de frustration face aux inefficacités qui sont ainsi rentrées dans le système. »
Dégâts
M. Lyons espère cependant que « 2023 sera un tournant ». Il applaudit la signature de « l’accord-cadre de Windsor » par le premier ministre, Rishi Sunak, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a résolu les questions nord-irlandaises entre Londres et Bruxelles. Cela permet enfin de redémarrer les négociations bilatérales sur de nombreux dossiers. Le lord-maire appelle notamment à mettre en place un forum de discussion sur les questions financières entre le Royaume-Uni et l’UE.
Il souligne aussi que le climat politique a changé : d’une part, les Brexiters les plus ardents, dont Boris Johnson, sont écartés du pouvoir ; d’autre part, l’opposition travailliste, dirigée par Keir Starmer et favorite pour remporter les élections en 2024, se montre très ouverte au dialogue avec le patronat. « Pour la première fois depuis la grande crise financière de 2007-2008, nous avons un dialogue au Parti conservateur comme au Labour qui met la City au cœur de l’économie, là où elle doit être. »
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Dans cet article, le rôle du lord-maire de la City de Londres est exploré. Nicholas Lyons est le 694ème à obtenir ce titre, obtenu via une très discrète élection interne des représentants de ce cœur historique de la capitale britannique. Selon lui, son vrai rôle n’est pas de gérer le quartier, mais d’être « l’ambassadeur de la place financière londonienne ». Ce lobbyiste en chef de la City, qui a pris son poste en novembre 2022, est en déplacement à l’étranger près d’une centaine de jours pendant l’année que dure son mandat.
Partout où il va à travers le monde, Nicholas Lyons fait face aux mêmes questions sur le Brexit. Le Royaume-Uni, et la City avec lui, ont-ils pu ainsi devenir la proie des risées internationales ? Les Brexiters les plus ardents, dont Boris Johnson