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L’Arabie saoudite organisera les Jeux asiatiques d’hiver 2029 en plein désert

L’Arabie saoudite organisera les Jeux asiatiques d’hiver 2029 en plein désert



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En 2029, l’Arabie saoudite accueillera les Jeux asiatiques d’hiver dans le désert, dans une ville futuriste en construction, nommée Neom. Une décision qui suscite déjà de l’indignation ou interroge, alors que les dérèglements environnementaux et climatiques se multiplient.

L’Arabie saoudite organisera les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 à Neom, une mégapole futuriste en construction dans le désert montagneux du nord-ouest du riche État pétrolier du Golfe, a annoncé mardi le Conseil olympique d’Asie (OCA).

« Les déserts et les montagnes d’Arabie saoudite seront bientôt un terrain de jeu pour les sports d’hiver », s’est réjouie l’OCA dans un communiqué, en précisant que la décision avait été prise « à l’unanimité » lors de son assemblée générale à Phnom Penh, au Cambodge.

Situé sur les bords de la mer Rouge, le projet Neom, estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars et porté par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, a été lancé en 2017. Des architectes et économistes ont mis en doute sa faisabilité.

Les Jeux asiatiques d’hiver devraient se dérouler à Trojena, secteur montagneux de Neom « où les températures descendent en dessous de zéro degré en hiver et où les températures tout au long de l’année sont généralement inférieures à 10 degrés », affirment les promoteurs sur leur site internet, sans faire mention de la question des très faibles précipitations. Situé à 50 kilomètres de la côte du golfe d’Aqaba, avec des altitudes allant de 1 500 à 2 600 m sur une superficie de près de 60 km2, Trojena, qui doit être achevé en 2026, comprendra des pistes de ski ouvertes toute l’année, un lac artificiel d’eau douce, des chalets, des manoirs et des hôtels de luxe, d’après la même source.

Devenu Premier ministre fin septembre, et occupant plusieurs fonctions économiques de premier plan, le prince Mohammed préside lui-même le Conseil d’administration de Neom.

« Redéfinir le tourisme de montagne dans le monde »

Celui qui est surnommé « MBS » a promis avec ce projet de « redéfinir le tourisme de montagne dans le monde », tout en promettant un respect de l’environnement, dans cette monarchie pétrolière figurant parmi les premiers exportateurs mondiaux de brut.

Pour l’heure, l’Arabie saoudite ne figure pas parmi les 86 pays « où le ski est possible en extérieur », selon le rapport 2021 sur le tourisme en montagne de l’expert suisse Laurent Vanat, à la différence par exemple de l’Iran, de l’Irak ou du Liban.

Le directeur de Neom, Nadhmi al-Nasr, a pour sa part affirmé que Trojena serait doté « des infrastructures adéquates pour créer une atmosphère hivernale au cœur du désert, et de faire de ces Jeux d’hiver un événement mondial sans précédent ».

Les Jeux asiatiques d’hiver comprennent des compétitions de ski, de snowboard, de hockey sur glace et de patinage artistique, soit 47 épreuves, dont 28 sur neige et 19 sur glace, selon l’OCA.

« Je n’aurais jamais imaginé pouvoir skier (un jour) dans mon pays », a réagi mardi le skieur alpin saoudien Fayik Abdi. Seul représentant de son pays aux derniers JO d’hiver de Pékin (44e du slalom géant), il avait raconté à l’AFP s’être formé sur les pistes libanaises.

Diplomatie sportive

Suivant ses voisins du Golfe, Qatar et Emirats arabes unis en tête, l’Arabie saoudite, pays ultraconservateur jadis peu ouvert aux événements internationaux, a accueilli plusieurs compétitions mondiales ces dernières années, dont le rallye Dakar ou un Grand Prix de F1.

La montée en puissance de sa diplomatie sportive coïncide avec la raréfaction des pays candidats à l’accueil de grands événements -coûteux et au bénéfice incertain pour les populations : lancés en 1986 au Japon, qui les a accueillis à quatre reprises, les Jeux asiatiques d’hiver ont connu six ans d’éclipse entre 2011 (Almaty, au Kazakhstan) et 2017 (Sapporo, au Japon), puis ont disparu du calendrier faute d’hôtes potentiels, explique le site spécialisé Inside The Games.

Si le royaume cherche ainsi à diversifier son économie et à redorer son image, les ONG accusent régulièrement l’Arabie saoudite de graves violations des droits humains, avec une répression implacable des dissidents politiques, dont des militantes des droits des femmes.

Dans un entretien à l’AFP, le ministre saoudien des Sports, le prince Abdulaziz ben Turki Al-Faisal, a récemment fait état du souhait de son pays d’organiser un jour les Jeux olympiques.

Un responsable égyptien a lui déclaré le mois dernier que l’Égypte, la Grèce et l’Arabie saoudite avaient entamé des discussions sur une éventuelle candidature conjointe pour la Coupe du monde de football en 2030.

Un choix « inadmissible »

En France, des élus écologistes et insoumis se sont offusqués à cette annonce, qualifiant ce choix de « délire » et de « honte ». « Des JO d’hiver au milieu du désert, dans une monarchie qui pratique la peine de mort et bafoue les droits de l’Homme chez elle et au Yémen (avec l’aide des armes de la France). Combien de temps allons-nous accepter ça ? », a demandé le député insoumis François Ruffin sur Twitter. 


Pour la députée européenne LFI Manon Aubry, c’est « inadmissible. Ne perdons pas de temps : boycott, interdiction pour les entreprises de participer au projet, opposition diplomatique ». Sa collègue, la députée européenne EELV Karima Delli a rappelé que « l’Arabie Saoudite présente un climat désertique, où les températures peuvent dépasser les 40° plusieurs mois consécutifs dans l’année, et son régime est critiqué pour ses violations des droits humains. Mais ce pays est désigné pour les jeux asiatiques d’hiver ! Quelle Honte ! »

Un spécialiste dénonce sur Franceinfo un projet qui relève de « l’aberration écologique » et compromet les valeurs du sport. « C’est une catastrophe pour l’environnement et les valeurs du sport », déplore Mael Besson, spécialiste de la transition écologique du sport, ex-responsable au WWF et ancien chef de mission « développement durable et transition écologique » au ministère des Sports. « Ce genre de décisions ne fait que compromettre sérieusement notre capacité à avoir une planète habitable, et donc à pouvoir faire du sport ».

« C’est assez surprenant »

Le secrétaire général français de la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS) Michel Vion s’est dit « surpris » de cette attribution. « Je suis surpris, on était au courant de rien », a-t-il expliqué lors d’un point presse consacré aux Championnats du monde de ski alpin, prévus en février 2023 à Méribel et à Courchevel.

« Mais la confédération asiatique n’a, de toute façon, pas de compte à rendre à la FIS », a précisé le secrétaire général de l’instance internationale, qui chapeaute de nombreux sports de neige olympiques (ski alpin, ski nordique, ski et snowboard freestyle).

« On ne connaît pas le site, il faut se garder de trop commenter maintenant (…) mais c’est assez surprenant », a ajouté M. Vion, ancien sportif de haut niveau, sacré champion du monde du combiné en 1982.

Avec AFP



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