Une large alliance composée d’associations d’entreprises pharmaceutiques, de pharmacies, de laboratoires, de grossistes en produits pharmaceutiques et de médecins va lancer une initiative populaire visant à assurer la sécurité de l’approvisionnement médical en Suisse, annonce la SonntagsZeitung.
Les initiantes et initiants veulent que la responsabilité de la sécurité de l’approvisionnement médical soit confiée à la Confédération et non plus aux cantons, comme c’est le cas actuellement.
Ils appellent également à créer en Suisse des structures permettant de maintenir la fabrication de produits thérapeutiques. Le Conseil fédéral devrait donc veiller à ce que davantage de médicaments soient à nouveau produits en Suisse. La collecte des signatures doit commencer au début 2023.
Des problèmes d’approvisionnement
Cette initiative vise ainsi un problème qui a été révélé pendant la pandémie: la Suisse est dépendante des importations pour les vaccins mais aussi pour certains principes actifs pharmaceutiques nécessaires à la fabrication de médicaments.
Actuellement, plus de 600 médicaments ne sont pas disponibles en Suisse et les cantons ne peuvent pas gérer seuls ces goulets d’étranglement. Mais pour le socialiste Roger Nordmann, le problème d’approvisionnement doit être réglé au niveau européen. « Une initiative seule de la Suisse ne réglera pas le problème », ajoute le conseiller national vaudois au micro de Forum.
Si le texte veut garantir une production nationale suffisante et défend l’innovation, « la Suisse n’a pas besoin d’une initiative pour promouvoir l’innovation », estime de son côté la Vert’libérale Céline Weber.
« Ce qui me rend perplexe c’est que les initiants demandent à la Confédération d’encourager la collaboration entre les universités et les entreprises pharmaceutiques. Elles n’ont qu’à le faire, les entreprises n’ont pas besoin de la Confédération pour cela », explique la conseillère nationale vaudoise.
Des prix plus élevés
Selon la SonntagsZeitung, qui a pu lire le texte, l’initiative demande aussi des subventions, des allégements fiscaux et un soutien aux prix des médicaments. Les entreprises pharmaceutiques qui produisent en Suisse devraient pouvoir compter sur un niveau de prix équitable pour les médicaments pris en charge par l’assurance maladie de base.
Pour le groupe d’intérêt IG pharma KMU, qui est à l’origine de l’initiative, la façon dont la Confédération négocie les prix des médicaments tire trop les prix vers le bas. L’entreprise phare de ce groupe d’intérêt est Zeller, qui est spécialisée dans la fabrication de médicaments à base de plantes.
À sa tête, Georg Boonen estime que « les règles du jeu qui s’appliquent aujourd’hui n’ont pas été faites pour eux mais pour les grandes entreprises pharmaceutiques actives à l’internationale ».
Alors que les prix des primes d’assurance maladie explosent, cette demande « sent l’opération des gros lobbys », juge encore Roger Nordmann. « Je suis très sceptique car Interpharma se cache derrière un groupe de PME », ajoute le socialiste.
Cynthia Racine/aps