Le changement climatique affecte fortement nos paysages, en particulier les terres agricoles. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu ce mercredi à Saignelégier, dans le canton du Jura, la Conférence internationale de la montagne. Il y a notamment été question de la durabilité dans la filière AOP.
Le dérèglement climatique, dont les effets ont été particulièrement importants cet été en Suisse, était au coeur de la Conférence internationale de la montagne ce mercredi à Saignelégier, dans le canton du Jura.
Outre le thème de l’autonomie et de la souveraineté alimentaires ou encore de la résilience des économies montagnardes, la perspective de durabilité dans la filière AOP face au changement climatique faisait partie des grands thèmes abordés par les quelque 150 experts, décideurs, chercheurs et acteurs locaux qui ont fait le déplacement dans le chef-lieu franc-montagnard.
L’agriculture suisse doit en effet pouvoir continuer à produire ce qui lui assure une valeur ajoutée indispensable, comme l’explique dans La Matinale Christian Hofer, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture. « Ce sont des labels très importants, parce qu’avec des produits AOC l’agriculteur peut se différencier par rapport à des produits conventionnels », souligne-t-il.
>> Ecouter l’interview complète de Christian Hofer dans La Matinale:
Impact sur la fabrication de fromage
Le dérèglement climatique a, par exemple, un impact indéniable sur la fabrication de fromages. Comme l’explique au micro de La Matinale Philippe Bircher, agriculteur et producteur de lait pour la fameuse « Tête de Moine », le manque d’eau influence le goût du lait et par conséquent celui du fromage. « Un lait de printemps ou d’été va normalement donner un fromage plus goûtu qu’avec un lait d’hiver. Mais avec la sécheresse, comme celle de cet été, on a eu quasiment un lait d’hiver, car le fourrage est devenu trop sec. On a donc des variations qu’on ne connaissait pas avant. »
Toutefois, l’agriculteur franc-montagnard ne se laisse pas abattre. Au contraire: « je n’ai pas peur. J’ai envie de m’adapter, de peut-être semer des herbages qui supportent mieux le sec. C’est un grand challenge qui nous est demandé en tant que producteur, de trouver des solutions et de peut-être mettre les grandes traditions de côté. » Quoi qu’il en soit, l’avenir ne l’inquiète pas: « Les années qui viennent ne nous feront pas avoir des ‘Têtes de Moines’ moins bonnes. »
Adaptation
Pour Dominique Barjolle, enseignante et chercheuse à Lausanne, l’adaptation semble aussi être la solution. « Les approches qui sont intéressantes, ce sont les approches qui vont vers l’autonomie, vers l’autonomie fourragère, vers l’autonomie énergétique, vers l’économie circulaire », explique-t-elle au micro de La Matinale.
Car comme elle le souligne, l’agriculteur est moins inquiet s’il a la maîtrise de tout le processus. Pour lui, il s’agira ainsi peut-être « d’arriver à des manières de produire qui respectent plus ce qu’il peut produire lui-même comme fourrage. » Et pour l’eau aussi, ajoute-t-elle, il s’agira d’avoir assez de réserve, en collectant par exemple l’eau de pluie pour l’avoir à disposition quand on en a besoin. « Rien que de savoir qu’elle est là, ça va aider tout le monde à prendre du recul et à trouver des solutions dans le long terme. »
Gaël Klein/fgn