A 66 ans, Björn Borg n’a rien perdu de son flegme nordique, qui électrisait les foules avec son bandeau et ses longs cheveux blonds désormais passés à l’argenté. Légende vivante du tennis avec ses onze titres du Grand Chelem (six à Roland‐Garros et cinq à Wimbledon), le Suédois a été l’une des premières grandes « stars » de son sport. Même s’il a joué 23 fois contre Jimmy Connors, c’est sa rivalité avec John McEnroe qui a marqué les mémoires. « Ice Borg » et « Big Mac » ne se sont rencontrés que 14 fois (7-7), mais leurs finales de Wimbledon (1980 et 1981) restent gravées dans l’histoire du jeu.
Homme de peu de mots, il s’est éclipsé furtivement de son banc de capitaine de l’équipe Europe de la Laver Cup, dimanche 25 septembre, pour revenir sur la retraite de Roger Federer pour Le Monde, La Repubblica et La Gazzetta dello Sport.
Comment avez-vous vécu les adieux de Roger Federer au tennis, vendredi ?
C’était un moment très émouvant, avoir fait partie de ce morceau d’histoire comptait beaucoup pour moi, car je suis sa carrière depuis tant d’années… Roger lui-même était submergé par les émotions, mais, le plus important, c’était de voir qu’il était heureux que les choses se passent ainsi, lors de « sa » Laver Cup, avec Rafa [Nadal].
Vous-même avez connu une rivalité historique avec John McEnroe. Que vous a inspiré celle entre Federer et Nadal ?
Rafa et Roger ont sans doute partagé la plus grande rivalité de l’histoire du tennis. Bien sûr, il ne faut pas oublier d’y inclure Djokovic, mais voir ces deux-là pleurer côte à côte, vendredi soir, après leur double, fut un moment à peine croyable. Rafa était aussi triste que Roger, peut-être songeait-il à ses propres adieux prochainement ? Les voir disputer ce dernier match, et Rafa venir uniquement pour ce moment [l’Espagnol, qui sera père dans les prochains jours, est reparti samedi chez lui], c’était la fin parfaite pour Roger. Surtout devant toute sa famille, ses fans, etc.
Comment résumeriez-vous l’héritage que lègue Federer à son sport ?
Roger était l’un des plus grands joueurs de l’histoire du tennis. Il lui a tant apporté, il a fait la promotion de son sport comme personne avant lui. Il était adulé par les fans partout dans le monde. Et la façon dont il jouait au tennis, cette classe, on n’est pas près de revoir cela de sitôt. Humainement, il était une personne accessible, je le considère comme un ami. Il va me manquer comme il va manquer à tout le monde.
Avez-vous déjà été jaloux de son caractère et de son aisance relationnelle ?
Non, non [Rires].
Si vous aviez pu lui emprunter un coup dans son jeu, lequel auriez-vous choisi ?
Sans hésiter son revers slicé.
Au contraire du Suisse, vous avez annoncé votre retraite très tôt, à 26 ans, en 1983. En avez-vous nourri des regrets ?
Non, quand j’ai décidé de quitter le monde du tennis, j’étais sincèrement heureux. Même si j’étais jeune, ma décision était prise [Il tentera néanmoins un come-back en 1991, avant de se retirer définitivement en 1993]. Je suis admiratif de voir Roger, Rafa, Novak [Djokovic] et Andy [Murray] jouer si longtemps, mais, pour ma part, je n’ai aucun regret.