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Julia Steinberger, professeure universitaire et militante pour le climat – rts.ch

Julia Steinberger, professeure universitaire et militante pour le climat - rts.ch


Coauteure du dernier rapport du GIEC et professeure experte du climat à l’Université de Lausanne, Julia Steinberger n’a jamais caché son militantisme. Active dans des groupes comme Renovate Switzerland, la chercheuse prône la désobéissance civile de la part des scientifiques. Son portait dans le 19h30.

Professeure en économie écologique et militante pour le climat, Julia Steinberger est sur tous les fronts. Au moment où elle rencontre la RTS, elle est jugée avec six autres activistes devant la Cour d’appel de Renens pour violation de domicile et dommage à la propriété dans le cadre de l’affaire UBS.

Les faits remontent à janvier 2020: avec une vingtaine de grévistes du climat, la scientifique avait déversé du charbon dans l’une des succursales de la banque située à la place Saint-François à Lausanne. Les militants sont acquittés en première instance, mais le jugement finit par être renvoyé en appel par le Ministère public vaudois.

>> Lire à ce sujet: L’UBS occupée à Lausanne, alors que le procureur conteste l’acquittement des activistes pro-climat

« Il y a une sorte d’acharnement du Ministère public à l’égard des manifestants. C’est un procès qui est devenu politique », glisse Julia Steinberger. « Mais peu importe l’issue du verdict final: on ne baissera pas les bras », ajoute-t-elle.

Après trois heures de procès, la justice tranche. Les prévenus seront finalement acquittés.

Fibre militante

En octobre dernier, la chercheuse crée aussi la polémique en bloquant l’autoroute A6 à Berne avec des militants de Renovate Switzerland. Une vidéo devient virale: stoïque, on la voit se faire déloger par les forces de l’ordre.

L’extrait fait polémique. Juliette Steinberger agace et dérange. Son militantisme est jugé trop radical par certains partis politiques. L’UDC notamment juge sa fonction incompatible avec ses engagements politiques.

Pour la chercheuse, désobéissance civile et sciences sont pourtant intimement liées. « Il faut être cohérent avec le savoir scientifique que nous portons. Nous avons l’information, la connaissance que l’humanité court à sa perte face à l’urgence climatique et qu’il faut agir tout de suite », analyse-t-elle. « Il est primordial de lutter en descendant dans la rue, de pointer les institutions défaillantes de notre système ».

En septembre, elle signe avec d’autres chercheurs une tribune dans Le Monde. Pour eux et « face à la gravité des crises qui menacent notre planète, la désobéissance civile des scientifiques se justifie tant sur le plan éthique que pragmatique ».

Julia Steinberger croit en la légitimité de ses actions. « Je n’ai pas l’impression de perdre en crédibilité, mais plutôt d’en gagner. Je ne vois pas la pertinence de clamer que le monde court à sa perte en restant derrière son bureau ».  Elle ajoute: « Les mouvements comme Renovate Switzerland ont un impact sur le débat en Suisse. Il y a quelques années on parlait peu d’écologie, maintenant cela fait partie de l’agenda politique ».

Projet de post-croissance

Fille du Nobel de physique Jack Steinberger, la chercheuse a la rigueur scientifique dans le sang et une résilience à toute épreuve. En 2016, on lui diagnostique un cancer du sein particulièrement agressif. Elle s’en sortira après une double mastectomie.

Aujourd’hui, elle se bat aussi pour son fils Jacob, âgé de 10 ans. « J’ai envie de lui transmettre le sens des responsabilités, de lui donner les outils nécessaires pour penser le monde et les années à venir ». Combative, elle ne baisse jamais les bras. « J’ai la paix dans l’âme car je sais que je pourrai regarder mon fils et lui dire: écoute, peut-être que je n’ai pas tout bien fait, mais j’ai fait tout ce que j’ai pu pour éviter le pire ».

Julia Steinberger veut prouver qu’un autre monde est possible. La scientifique a été mandatée par l’Union européenne pour un nouveau projet de recherche portant sur la post-croissance. Prévu sur six ans et financé à hauteur de 10 millions d’euros, le travail des chercheurs doit permettre d’aboutir à un « deal post-croissance » entre le gouvernement et les citoyens.

saje/ther

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