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Escouade contre le proxénétisme: déjà une centaine d’arrestations

Escouade contre le proxénétisme: déjà une centaine d’arrestations


Attendue depuis fort longtemps, la nouvelle escouade provinciale de lutte contre le proxénétisme a réalisé une centaine d’arrestations à travers le Québec au cours de sa première année d’existence.

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Vingt ans après l’opération Scorpion, qui a marqué l’imaginaire collectif, les autorités ont désormais les ressources pour travailler plus efficacement dans toutes les régions du Québec.


Karine Lacroix, responsable de l’Escouade intégrée de lutte contre le proxénétisme (EILP) à la Sûreté du Québec.

Photo Stevens LeBlanc

Karine Lacroix, responsable de l’Escouade intégrée de lutte contre le proxénétisme (EILP) à la Sûreté du Québec.

«Dans la première année, on ne pensait pas en arrêter autant. Je pense que les proxénètes sont plus nombreux aujourd’hui», lance sans détour la capitaine Karine Lacroix, responsable de l’équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme (EILP) à la Sûreté du Québec.

En 2021, la ministre Geneviève Guilbault et le procureur général Simon Jolin-Barrette avaient annoncé près de 100 M$ sur cinq ans, notamment pour détecter et réprimer l’exploitation sexuelle et traduire les « prédateurs » en justice.

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Devant les tribunaux

Le gouvernement souhaitait ainsi renforcer la capacité d’action de l’EILP, qui a célébré sa première année d’existence le 1er octobre dernier. Sur une centaine d’arrestations, on retrouve également des clients.

«On a participé à plus de 200 dossiers de proxénétisme dans la dernière année. On a aussi rencontré 200 victimes, dont 121 victimes ont décidé de déposer des plaintes. Ce n’est pas banal», explique la policière.

Ce taux de judiciarisation n’est pas à négliger considérant le fait que plusieurs victimes fragiles ne veulent pas affronter les tribunaux.

Si les réseaux sociaux représentent la porte d’entrée pour le recrutement, la justice populaire du web n’a jamais envoyé un pimp derrière les barreaux.

Un bilan positif

L’objectif de l’escouade est simple : protéger les victimes, les aider à se sortir du proxénétisme, les accompagner vers les bonnes ressources et les soutenir dans le processus judiciaire.

Originaire de Montmagny, Karine Lacroix compte 28 ans de métier. Selon elle, il fallait absolument montrer ce qui s’est fait dans la dernière année.

Les victimes, qui ne sont pas nécessairement plus jeunes qu’auparavant, se promènent toujours de province en province, et de région en région.

Une jeune fille du Saguenay peut se rendre à Baie-Comeau et à Sept-Îles, avant de traverser à Rimouski pour faire d’autres clients. Une grande mobilité est encore utilisée pour isoler les victimes et brouiller les pistes.

«Ce n’est pas juste en ville. On a maintenant des preuves. Il y en a partout. Il faut montrer la réalité du proxénétisme en 2022. Ça peut permettre aux parents d’orienter leurs actions pour sensibiliser leur jeune.»

Karine Lacroix est particulièrement fière du programme Les Survivantes, dans lequel d’anciennes victimes collaborent à de nouvelles interventions. Au total, 19 hommes et femmes assistent les policiers lors de rencontres souvent pénibles. 

«Le profil est important et on s’efforce d’assigner la bonne personne. Ils sont la preuve vivante que c’est possible de quitter le milieu. Il faut aussi leur faire prendre conscience que ce n’est pas normal», termine la capitaine Lacroix. 

  • Écoutez la rencontre Gibeault-Dutrizac avec Nicole Gibeault, juge à la retraite sur QUB Radio :

Plusieurs clients ont aussi été menottés 

Avec la pandémie qui s’estompe, au moins 27 clients ont été arrêtés lors de quatre opérations spéciales réalisées dans trois grands centres urbains.

«Entre avril et septembre, on a fait quatre opérations qui visaient des clients. À Montréal deux fois, à Québec et à Gatineau. On a arrêté 27 clients qui allaient dans leur tête rencontrer une victime de 16 ans. Il faut attaquer sur tous les axes», précise Karine Lacroix.

La criminologue Maria Mourani, qui cosigne l’ouvrage Opération Scorpion : Les dessous de la plus grande enquête sur la prostitution juvénile du Québec, croit d’ailleurs qu’il est nécessaire de cibler davantage les clients.

Sur le plan juridique, cette stratégie n’est toutefois pas simple puisque les accusés ont aussi des droits. La Cour suprême se penche présentement sur quatre dossiers de l’Ontario, dans lesquels des accusés dénoncent de la provocation policière (entrapment).

«L’acteur principal du système, c’est le client. Le prostitueur. C’est le maillon faible de cette lutte au proxénétisme. Il faut taper aussi fort que sur les proxénètes», explique Mme Mourani, qui souhaite une plus grande utilisation de l’écoute électronique, de la filature et des autres moyens disponibles pour enrayer le fléau.

Pris au sérieux

Pour l’ex-enquêteur Roger Ferland, également auteur de l’ouvrage sur Scorpion, l’existence même de l’EILP est une excellente nouvelle.

«Les gens sont toujours pris au sérieux et les enquêtes sont faites par du personnel compétent. Il faut que ça continue et ils sont là pour rester. Ensuite, plus on arrêtera des clients, plus on sera efficace. Il faut aussi faire de la prévention», affirme-t-il.

Dans le secteur communautaire, le constat est également positif.

«Les enquêteurs de l’EILP ont beaucoup de savoir-être, d’empathie et de délicatesse. Il ne faut pas nuire à la victime et choisir le bon moment. Leur collaboration actuellement est très efficace», termine Geneviève Quinty, directrice du Projet intervention prostitution Québec (PIPQ).

♦ L’Escouade intégrée de lutte contre le proxénétisme mène la lutte contre le proxénétisme, la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle et la prostitution juvénile. L’EILP est formée de sept corps policiers : le SPVM, le SPVQ, le Service de police de Laval, celui de Gatineau, celui de Longueuil, la GRC et la SQ.

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