Une pénurie d’agents précipitants menace les eaux suisses. La Confédération examine si certaines stations d’épuration peuvent réduire leur utilisation de ces produits chimiques sans violer l’ordonnance sur la protection des eaux.
Les eaux les plus menacées sont celles qui présentent déjà une teneur trop élevée en phosphore, comme le lac de Morat, le Greifensee ou le Baldegersee, a indiqué dimanche l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) à Keystone-ATS. Il confirmait une information de la NZZ am Sonntag.
Si la pénurie devait s’aggraver, de grandes parties de ces lacs pourraient devenir inhabitables pour les poissons et d’autres animaux, précise l’OFEV.
Problèmes de livraison
Les agents précipitants permettent aux stations d’épuration (STEP) de fixer le phosphore des eaux usées afin de maintenir leur teneur en oxygène et de veiller à ce qu’elles offrent des conditions de vie supportables pour les poissons et d’autres animaux.
Mais de nombreuses STEP ont actuellement des problèmes à obtenir ces produits, selon un récent sondage réalisé par l’Association suisse des professionnels de la protection des eaux (VSA). Dans environ un tiers des cas, les quantités commandées ne peuvent pas être livrées entièrement. Les livraisons sont parfois même interrompues à court terme.
La VSA n’exclut pas que l’on se rapproche des valeurs limites, voire qu’il n’y ait quelques « dépassement isolés » de ces valeurs, a-t-elle déclaré à l’hebdomadaire alémanique et à Keystone-ATS. Elle conseille aux STEP d’utiliser les précipitants avec modération et d’aller jusqu’aux valeurs limites.
Réduire l’utilisation de précipitants
Selon l’OFEV, les STEP disposent de différentes réserves de produits précipitants, qui peuvent aller de quelques jours à plusieurs mois. Il est actuellement possible de respecter les exigences légales avec les quantités disponibles, estime-t-il.
L’office fédéral élabore actuellement avec les cantons une procédure permettant d’employer moins de précipitants sans enfreindre l’ordonnance sur la protection des eaux ni les accords internationaux. Il veut examiner notamment si les STEP qui ne doivent pas éliminer de phosphore en vertu de cette ordonnance peuvent réduire leur utilisation de précipitants.
Fixer des priorités
Selon la VSA, il est difficile de savoir combien de temps cette pénurie va durer, car celle-ci a différentes raisons. « La plupart des fournisseurs prévoient qu’elle durera certainement jusqu’à la fin de l’année », indique-t-elle dans une fiche d’information.
Si la situation devait se détériorer nettement, la distribution de précipitants devrait se faire en fonction de priorités fixées sur la base de la pollution des eaux. « Si une STEP sur le Rhin rejette un peu plus de phosphore, les conséquences seront moins graves que pour de petits lacs comme le Greifensee, le lac de Sempach ou le Baldeggersee », explique Christian Abegglen, de la VSA.
ats/kkub