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En Gambie, des sirops contre la toux et la fièvre mis en cause dans la mort de 69 enfants

En Gambie, des sirops contre la toux et la fièvre mis en cause dans la mort de 69 enfants


Mariama Kuyateh, 30 ans, montre une photo de son fils Musawho, décédé d’une insuffisance rénale aiguë, à Banjul (Gambie), le 10 octobre 2022.

Dans une ruelle marécageuse du quartier de Tallinding, à quinze kilomètres du centre de Banjul, la capitale gambienne, les habitants défilent chez Mariama Kuyateh et son mari Alassan pour une œuvre de charité, comme le veut la coutume quelques semaines après un décès.

Leur fils Musa, qui aurait eu 2 ans en décembre, est décédé il y a un mois. Il est l’un des 69 enfants à avoir succombé dans le pays en raison d’une insuffisance rénale aiguë au cours des trois derniers mois. Quatre sirops de paracétamol et de prométhazine contre la toux et la fièvre, fabriqués par le laboratoire indien Maiden Pharmaceuticals, sont mis en cause.

Lire aussi : En Gambie, la mort mystérieuse de dizaines d’enfants atteints d’insuffisance rénale aiguë

« Tout a commencé un dimanche, explique Mariama Kuyateh, le regard éteint, tandis que son mari reçoit l’imam local et distribue des noix de kola. Je suis allée à l’hôpital parce que Musa faisait de la fièvre. » Après un test de dépistage de la malaria négatif, son fils se voit prescrire un sirop à base de paracétamol. La semaine qui suit la prise de ce médicament, l’enfant développe rapidement des problèmes de reins, il est incapable d’uriner. En l’espace de cinq jours, il est transféré dans trois hôpitaux différents, son état se dégrade rapidement, et le 1er septembre, il décède.

Réaction tardive des autorités

« Ça me fait tellement mal au cœur », témoigne pour sa part Bailo Keita, un Guinéen de 33 ans arrivé en Gambie il y a plus de dix ans pour chercher du travail et dont la fille, Fatoumatta, est décédée le 23 août. « A la fin, elle ne pouvait même plus manger tellement elle avait mal à la gorge, elle avait du sang qui coulait de son nez et de sa bouche », raconte-t-il, amer et en colère face à la réaction tardive des autorités.

Le premier cas enregistré par les autorités sanitaires date du 16 juillet. Mais ce n’est que le 23 septembre que les autorités sanitaires ordonnent le rappel de tous les sirops de paracétamol ou de prométhazine. « Nous sommes tous victimes de la faute médicale des fabricants, a plaidé, le 8 octobre, devant la presse, le ministre de la santé, le docteur Ahmadou Lamin Samateh. En tant que pays, nous n’avons pas toutes les ressources et le personnel. Nous n’avons pas de laboratoire qui nous permette de tester les médicaments. »

Une photographie montre des sirops contre la toux collectés à Banjul (Gambie), le 6 octobre 2022.

Les premiers résultats d’une enquête criminelle ouverte par la police gambienne montrent que c’est l’entreprise Atlantic Pharmaceuticals, basée à Atlanta et agréée auprès des autorités gambiennes, qui est responsable de la commande d’un stock de 50 000 bouteilles des quatre sirops suspects. « Sur ces 50 000 bouteilles de sirops pour bébé contaminés, 41 462 bouteilles ont été mises en quarantaine ou saisies par [les autorités], et 8 538 bouteilles restent non comptabilisées », indique le communiqué de la police.

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