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Apparence de conflit d’intérêts: la candidate caquiste aux deux chapeaux

Apparence de conflit d'intérêts: la candidate caquiste aux deux chapeaux


Une semaine avant d’être réélu, le premier ministre François Legault a rencontré des dirigeants du parc d’éoliennes Apuiat avec sa candidate Kateri Champagne Jourdain, alors employée et lobbyiste pour le promoteur du projet.

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Tout sourire à la table, le premier ministre François Legault avait à sa gauche sa candidate vedette Kateri Champagne Jourdain, qui a été élue et qui est pressentie pour être nommée ministre, jeudi.Mais à ce moment, Mme Champagne Jourdain portait un deuxième chapeau: elle était directrice des relations avec le milieu pour Boralex, en congé sans solde le temps de la campagne électorale.

Elle était même inscrite en tant que lobbyiste pour Boralex, l’un des deux promoteurs du projet Apuiat.

Assis à la même table, on retrouvait des représentants de Boralex et d’Innergex. Les deux firmes œuvrant dans l’éolien ont de juteux contrats avec Hydro-Québec.

Il y avait de plus des chefs innus, des élus locaux et le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière. 

La rencontre s’est tenue à Sept-Îles le 27 septembre. Même si le premier ministre a publié une photo sur les réseaux sociaux, les conversations se sont déroulées derrière des portes closes.  

Questionné par Le Journal, le cabinet du premier ministre a refusé de préciser sur quoi portaient les discussions, en se limitant à dire que Kateri Champagne Jourdain y était «à titre de candidate de la CAQ». 

«Cohabitation malsaine»

Deux experts en éthique que nous avons consultés hier estiment qu’une telle rencontre du premier ministre avec l’employeur d’une candidate vedette est moralement douteuse, surtout parce que cet employeur fait affaire avec l’État.

«[Mme Champagne Jourdain] n’a pas enfreint de loi, mais moralement et éthiquement, ça questionne énormément le pouvoir des entreprises sur nos gouvernements», estime Saidatou Dicko, professeure de sciences comptables à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), experte en lobbyisme des entreprises. 

«La cohabitation malsaine entre la politique et les affaires vient vraiment secouer nos valeurs éthiques», va-t-elle jusqu’à dire. 

«Ça pose un problème dans la capacité du décideur gouvernemental de défendre sa légitimité», observe pour sa part Michel Séguin, professeur et expert en éthique de l’UQAM.

Retirée après notre appel

Le 11 octobre, Le Journal a constaté que Mme Champagne Jourdain était encore inscrite au registre des lobbyistes. Boralex nous a indiqué alors que la nouvelle élue n’était plus à son emploi « depuis le 3 octobre dernier, conformément à la Loi électorale du Québec ».  

Et dès le lendemain, le 12 octobre, l’inscription de Mme Champagne Jourdain a été retirée du registre.  

La nouvelle élue pourrait-elle faire l’objet de sanctions? Rien n’est moins sûr. 

Le code d’éthique des élus de l’Assemblée nationale prévoit que certaines charges sont incompatibles avec la fonction de député, notamment l’exercice de toute activité de lobbyisme.  

Toutefois, rien n’est prévu en ce qui concerne les candidats, ni les candidats élus mais pas encore assermentés.

«S’il y a des motifs raisonnables de croire qu’un député puisse être en manquement à une disposition du code, une enquête pourrait être déclenchée par la commissaire, de sa propre initiative ou à la demande d’une ou un autre membre de l’Assemblée nationale», indique le commissaire à l’éthique et à la déontologie.  

Au moment où Kateri Champagne Jourdain était lobbyiste, cinq des neuf mandats de Boralex visent à communiquer notamment avec le ministère du Conseil exécutif (le ministère de François Legault), et trois visent directement le premier ministre.   

LE PROJET APUIAT EN BREF 

  • Boralex, une entreprise qui vaut 4 G$ en Bourse, prévoit la construction de 50 éoliennes d’une puissance totale de 200 MW près de Port-Cartier, sur la Côte-Nord. 
  • Le projet a été mis sur pied en 2018, à l’arrivée de François Legault au pouvoir. 
  • Boralex et les Innus ont signé, l’an dernier, une entente de gré à gré de 30 ans avec Hydro-Québec.

Kateri Champagne Jourdain est devenue le 3 octobre la première femme autochtone élue à l’Assemblée nationale.

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