« Qualifiés ! Qualifiés ! » Au Maroc et en France, l’émotion a gagné les supporters marocains, après le choc Maroc-Portugal (1-0), remporté par les Lions de l’Atlas. Et pour cause : c’est la première fois qu’un pays africain parvient à dépasser les quarts de finale d’une Coupe du monde.
L’incroyable rêve continue et le Maroc s’enflamme après la qualification des Lions de l’Atlas en demi-finale du Mondial au Qatar, un exploit sensationnel jusqu’ici jamais réalisé par une équipe africaine ou arabe.
Après leur victoire face au Portugal (1-0), les effusions de joie ont inondé les rues à Rabat, Casablanca mais aussi à Paris, Tunis ou encore Alger.
« Mon cœur va s’arrêter, quelle équipe, quelle endurance, quel exploit ! », a dit à chaud à l’AFP Ilham El Idrissi, une casablancaise de 34 ans, folle de joie.
« Je crois que je suis en train de rêver éveillé. Pincez-moi ! Quelle immense fierté, les Lions ont été au rendez-vous, je les remercie du fond du cœur », abonde Mouad Khairat, 29 ans, cadre dans un centre d’appel. « L’équipe marocaine a réussi à faire l’impossible. On veut la coupe maintenant ».
Une nouvelle fois, cela devient une habitude, des célébrations collectives ont salué le coup de sifflet final, du nord au sud du royaume, jusque dans les provinces les plus reculées.
« Il n’y a pas d’impossible dans le football, c’est la magie de ce sport », avait prédit à l’AFP l’ex-international marocain Abderrazak Khairi, principal artisan de la victoire surprise de son pays contre le même adversaire portugais (3-1) au Mondial de 1986 au Mexique.
« On veut la coupe maintenant »
Jamais un pays africain ou arabe n’avait auparavant réussi à dépasser les quarts de finale. Le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 avaient échoué aux portes du carré final du plus prestigieux des tournois.
« L’équipe marocaine a réussi à faire l’impossible. On veut la coupe maintenant », confie Ali Gyme, 24 ans. « Pour la deuxième fois en quatre jours, le Maroc écrit la plus belle page de son histoire. Et cette fois, c’est aussi la plus grande du continent africain. Ce n’est plus un tournoi… c’est une épopée », a immédiatement commenté Wiloo, un internaute, sur Twitter.
Le rêve continue pour les Lions de l’Atlas mais également pour tous les Marocains. « Le foot semble avoir transcendé les frontières du sport pour fouler le périmètre de l’immanent », disserte cette semaine l’éditorialiste de l’hebdomadaire TelQuel.
Il est vrai que l’épopée des Lions de l’Atlas entraîne désormais tout un peuple, fanatique du « beautiful game ». À Casablanca, le temple du football marocain, les maillots de l’équipe nationale et les drapeaux rouges frappés de l’étoile verte, sont partout dans les vitrines, le échoppes, les marchés.
L’engouement y est tel que les premières fresques géantes ont déjà été peintes à l’effigie de Hakim Ziyech et du coach Walid Regragui, hissé au rang de héros national. Pourtant, il a repris les rênes de cette équipe moins de trois mois avant le coup d’envoi de la compétition après l’éviction de Vahid Halilhodzic.
À Paris, la jeunesse marocaine aux premières loges
Au delà des frontières du royaume, la France n’est pas en reste. Les jeunes supporters du Maroc ont manifesté leur joie sur les Champs-Élysées à Paris, aussitôt connue la victoire du Maroc.
Postés devant un établissement de restauration rapide, sur « les Champs », une quarantaine de jeunes Marocains – garçons et filles – avaient regardé le match sur leurs téléphones portables, en égrainant le décompte des dernières secondes: 5, 4, 3, 2, 1, 0…
Au coup de sifflet final, ils ont explosé de joie. « C’est une grande fierté, c’est le premier pays africain arrivé là », jubile Maamar, 27 ans, qui brandit un drapeau marocain mais dit être lui-même d’origine algérienne. « C’est une grande fierté pour tous les pays arabes, pour toute l’Afrique », insiste-t-il. « Ca fait plaisir: maintenant quoi qu’il arrive on est dans les quatre meilleures équipes du monde ».
Un grand nombre de jeunes femmes étaient présentes, telle Dounia, Franco-marocaine de 23 ans, pour qui cette qualification en demi-finales est tout simplement « formidable ». « En plus c’est aujourd’hui mon anniversaire, je ne pouvais pas avoir de meilleur cadeau. J’espère qu’on jouera contre la France, c’est chacun son tour d’avoir la coupe! ».
Agitant souvent le drapeau marocain – rouge frappé d’une étoile verte – mais parfois aussi celui de l’Algérie, de la Syrie ou de la Palestine, entonnant des chants en arabe, les supporters heureux ne faisaient que commencer à affluer, vers 18H00, parmi les nombreux touristes baguenaudant sur l’avenue ce samedi soir d’hiver et ignorant parfois qu’un match venait de s’achever au Qatar.
Gendarmes munis de boucliers anti-émeutes, brigades mobiles constituées de binômes à moto, camions des forces de l’ordre garés un peu partout… Un dispositif de sécurité important avaient été préventivement déployé, pour gérer les réactions aux rencontres de quarts de finale du jour, Maroc-Portugal et France-Angleterre.
Fierté en Afrique et dans le monde arabe
Ailleurs, l’équipe marocaine a aussi enthousiasmé le continent africain et le monde arabe. De Gaza à Tunis en passant par Alger ou Dakar, les victoires successives du Maroc ont fédéré les supporters qui poussent d’une seule voix derrière les Lions.
« C’est le Mondial de la fierté recouvrée. Celui des sans-voix qui crient leur joie, expurgent leur frustration devant une visibilité retrouvée, un amour de soi réhabilité. La catharsis est totale », discourt encore TelQuel.
Après le triomphe surprise du Maroc contre l’Espagne, Al Jazeera a parlé de « la vague d’euphorie » qui a porté le monde arabe.
« Les acclamations ont retenti de Tunis, Beyrouth, Bagdad, Ramallah et d’autres villes alors que les Arabes se sont réunis pour se réjouir de la victoire largement inattendue sur l’Espagne – un contraste avec les différends politiques qui ont longtemps divisé les nations arabes », opine le site de la télévision qatarie.
Avec AFP