Harold LeBel a fermement réfuté les prétentions de la plaignante lors de son témoignage à son procès pour agression sexuelle lundi. Si la présumée victime et lui se sont bel et bien embrassés, il affirme que les allégations d’attouchements sexuels sont fausses. «Je n’ai jamais fait ça».
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La défense de Me Maxime Roy est allée droit au but en ouverture du témoignage de son client Harold LeBel.
«Avez-vous, oui ou non, agressé [la plaignante]», a demandé l’avocat comme toute première question.
«Non. Je n’ai jamais fait ça», a rétorqué avec conviction l’ex-député de Rimouski.
Quant aux allégations d’avoir dégrafé le soutien-gorge de la plaignante et d’avoir insisté pour ouvrir la porte de la salle de bain où elle se serait réfugiée, le politicien a également insisté. Tout comme pour les allégations d’attouchements.
«C’est faux. Non, je n’ai jamais fait ça. […] Quand je suis allé vers la toilette, j’étais inquiet, c’était pour demander si ça allait bien. Je n’ai rien forcé, je n’ai jamais fait ça de ma vie», a expliqué M. LeBel.
Baiser consentant
Sa seule admission du témoignage de la plaignante concerne le baiser qu’ils ont échangé dans la cuisine de son condo, qu’il a décrit comme étant consentant.
«Oui, c’est arrivé», a admis Harold LeBel, ajoutant que la présumée victime et lui étaient seuls à ce moment et qu’ils discutaient de leur situation amoureuse respective. «On était tout près, à six pouces, coude à coude», a expliqué l’accusé, ajoutant que ça avait duré «20, 30 secondes».
«On a été surpris les deux. Moi j’ai été surpris parce que je ne m’attendais pas à ça. Je n’ai pas forcé rien. On s’est reculés et on s’est dit : ‘’Non, non, non’’.»
La plaignante a quant à elle témoigné la semaine dernière que LeBel l’avait embrassé et qu’il s’était montré insistant après qu’elle ait refusé ses avances. Elle a affirmé que l’accusé avait dégrafé son soutien-gorge et qu’il avait tenté d’entrer dans la salle de bain où elle avait trouvé refuge.
Après avoir pris une douche, elle serait allée se mettre au lit et LeBel l’aurait rejointe. Elle aurait accepté qu’il se couche à ses côtés pour «acheter la paix», mais celui qui était à ce moment député de Rimouski lui aurait agrippé les fesses et aurait été jusqu’à insérer un doigt dans son anus.
«Pas à l’aise»
Harold LeBel avait lundi matin une version divergente de cette fin de soirée. Il a expliqué être allé se coucher aux côtés de la présumée victime comme son amie, la troisième personne présente, était déjà endormie dans son lit.
Il affirme s’être couché «tout habillé», sur le dos, seulement pour dormir et se reposer.
C’est au réveil qu’il a dit réaliser avoir «le nez dans les cheveux» de la femme, avec une main sur son épaule.
«J’ai reculé tout de suite. Je n’étais pas à l’aise d’être là comme ça», a témoigné M. LeBel.
Il a ensuite expliqué que les échanges textos et courriel, ainsi qu’en personne, avec la femme dans les jours et les mois suivants étaient normaux et se «déroulait très bien». C’est en février 2020 quand la femme l’a confronté avec ses allégations sur la nuit de l’automne 2017 qu’il dit être «tombé en bas de sa chaise».
Elle y accusait le député d’attouchements sexuels.
«J’ai répondu en whip (sa fonction au sein du PQ). J’ai répondu comme quelqu’un qui voulait comprendre ce qu’elle écrivait. Comme quelqu’un qui disait, on va aller en jaser», a expliqué l’accusé, ajoutant qu’il «aurait dû partir avec ça et aller voir un avocat».
Réponses divergentes
Dans son témoignage de la semaine dernière, la présumée victime avait indiqué au jury qu’Harold LeBel lui avait répondu n’avoir «aucun souvenir de tout ça». «Je me souviens m’être réveillé à côté de toi en me demandant ce que je faisais là. Voilà une soirée d’alcool que je voudrais n’avoir jamais connue», avait écrit M. LeBel.
En contre-interrogatoire, l’accusé a précisé que le terme «blackout» qu’il a utilisé lors de son interrogatoire policier faisait plutôt référence au moment où il s’est endormi sur le lit et non à l’alcool. Il dit n’avoir aucun souvenir à partir de ce moment.
«La partie que je dormais, ne me posez pas de questions, je dormais», a-t-il rétorqué au procureur de la Couronne, Jérôme Simard, qui a tenté de soulever des incohérences entre l’interrogatoire policier et le témoignage de M. LeBel, notamment quant à la décision d’aller au salon avec la victime plutôt que dans sa chambre à lui.
M. LeBel a rétorqué à plusieurs reprises que ses réponses au matin de son arrestation avaient pu être inexactes vu le contexte anxiogène du moment, lui qui a dit souffrir de claustrophobie.
«J’étais très stressé. On m’enferme dans un petit cubicule et on ferme la porte. La première chose que j’ai dite, c’est : ‘’Si vous me laissez ici tout seul, je vais mourir’’. J’étais dépassé par les événements », a-t-il indiqué.
La couronne poursuivra son contre-interrogatoire de l’accusé mardi matin.
Plus de détails à venir.