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En Guinée, treize ans après le massacre du 28 septembre, la justice attendue

En Guinée, treize ans après le massacre du 28 septembre, la justice attendue


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La police guinéenne arrête un manifestant le 28 septembre 2009 devant le plus grand stade de la capitale Conakry lors d’une manifestation interdite par la junte au pouvoir qui a fait plus de 150 morts.

En Guinée, l’histoire s’écrit un peu plus fort les 28 septembre. En 1958, le non fondateur de Sekou Touré à de Gaulle a été le prélude à l’indépendance du pays et à un quart de siècle de régime dictatorial. En 2009, à la même date, le stade de la capitale, Conakry, a été transformé en une immense scène de crime. Plus de 150 morts, plus de 100 femmes violées, 1 400 blessés par les soudards de la junte alors au pouvoir, selon une commission d’enquête des Nations unies. La brutalité de l’armée guinéenne à son paroxysme.

Treize ans plus tard, jour pour jour, le procès de cette journée d’horreur doit enfin s’ouvrir à Conakry. Dire que celui-ci est attendu dans ce pays à l’histoire jalonnée de violences politiques est un euphémisme. L’instruction des magistrats guinéens est close depuis la fin 2017. Faute de volonté politique sous la présidence d’Alpha Condé (2010-2021) – l’ancien opposant ne voulait pas se mettre à dos un certain nombre d’officiers qui se mirent à son service après son élection –, le plus lourd dossier judiciaire du pays n’avait jamais débouché. Il fallut un coup d’Etat, le 5 septembre 2021, pour aboutir à l’ouverture du procès.

« Le gouvernement de transition a adopté une politique pénale visant à lutter contre l’impunité des crimes de sang. Il fallait donc poser des actes judiciaires, assure au Monde Alphonse Charles Wright, le ministre de la justice guinéen. C’est une rupture avec le passé et une mise en conformité avec les recommandations du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. »

« Hommes cagoulés »

Qu’un régime militaire cherche à se libérer des pressions internationales en jugeant ses prédécesseurs, que le colonel Mamadi Doumbouya, arrivé par un coup d’Etat meurtrier à la tête du pays, cherche à polir son image auprès de ses concitoyens, tout cela est insignifiant, pour Saran Cissé. « Lui au moins a montré de la volonté. Un procès, c’est déjà une réparation », considère cette femme de 46 ans. En 2009, elle en avait 33, et elle n’a rien oublié de ce jour où, comme des dizaines de milliers de Guinéens, elle était descendue dans les rues pour exprimer son refus de voir le chef des putschistes du moment, le capitaine Moussa Dadis Camara, concourir à l’élection à venir.

Après avoir échappé aux barrages des gendarmes et des policiers qui tentaient de bloquer l’accès au stade du 28-Septembre, le lieu du rassemblement prévu par l’opposition, celle qui est alors l’une des dirigeantes de la jeunesse de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), l’une des principales formations d’opposition, pénètre dans l’enceinte où « il y avait tellement d’ambiance ». Les anciens premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, François Fall et Jean-Marie Doré sont à la tribune. Quelques minutes plus tard, des coups de feu claquent au niveau de la pelouse. « Partout où je tournais la tête, il y avait des hommes cagoulés. Tout le monde était paniqué », se remémore Saran Cissé.

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