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Yverdon-les-Bains (VD)La possible ouverture d’un foyer de L’EVAM en zone industrielle fâche
Face à la situation d’urgence, l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants explore plusieurs pistes pour ouvrir un nouveau centre. Parmi celles-ci, les locaux d’une ancienne école ou l’usine Leclanché à Yverdon.
Des maîtres d’oeuvre qui s’affairent et qui prennent des mesures dans les anciens locaux de l’école Aquarelle… Il n’en fallait pas plus pour mettre la puce à l’oreille à Jean-Daniel Carrard que quelque chose se tramait au premier étage d’un bâtiment dont il loue le rez. Renseignements pris, le patron de JDC Electronic et De Havilland Watches a cru s’étouffer lorsqu’il a entendu que l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) envisageait d’ouvrir un centre pouvant accueillir jusqu’à 100 réfugiés ukrainiens, au-dessus de son entreprise de smart farming et en dessous de Sajet, une société active dans la construction et l’entretien des réseaux électriques, ferroviaires et de télécommunication. L’autre aile du bâtiment abrite, elle, les locaux de l’usine Leclanché et ses batteries.
«Je n’en dors plus la nuit»
«Avec l’école, la cohabitation était déjà difficile, des enfants guignaient parfois par les fenêtres pour voir ce que l’on faisait. Mais c’était encore tolérable, parce que c’était juste pendant les récréations. Mais, là si des familles ukrainiennes avec des enfants viennent s’établir, ce sera permanent. Les enfants joueront dehors dès qu’ils le pourront. Je n’en dors plus la nuit», explique l’entrepreneur.
«Ce n’est pas qu’on ait quelque chose contre les réfugiés, mais ce serait juste impossible. Ce n’est pas tenable de mélanger un secteur professionnel avec des bureaux, un centre de formation et surtout un va-et-vient de clients. C’est tous les jours, à toutes les heures que ça circule. C’est absolument incompatible», renchérit Daniel Joray, administrateur de Sajet. Une incompatibilité qui forcerait les actuels locataires de déménager: «Effectivement, on n’aurait pas d’autre solution. Il nous serait impossible de continuer de travailler dans ces conditions», estime Christian Haenseler, directeur opérationnel chez Sajet.
Remonté comme un coucou, Jean-Daniel Carrard, dont le serveur informatique est actuellement au premier étage du bâtiment, ne décolère pas: «On est mis devant le fait accompli. Même la gérance n’était pas au courant, elle a été contournée par la société SEG Solutions qui mène les discussions avec l’EVAM. Maintenant, il est question qu’on vienne dans mes locaux pour installer les tuyaux pour les douches et les WC». Alors qu’il est en discussion avec deux repreneurs potentiels, le patron de JDC Electronic ne décolère pas: «L’un de mes deux contacts m’a déjà dit que si le projet de l’EVAM était mené à bien, il se retirerait des négociations.»
Face à la situation d’urgence, l’EVAM fait feu de tout bois
L’EVAM a confirmé à La Région son intérêt pour le site et ses 1000 m² facilement modulables. Selon un spécialiste de ce genre de dossiers, l’utilisation de cette surface industrielle à des fins d’hébergement nécessitera sans aucun doute une dérogation. La démarche en vue de l’obtention de celle-ci serait du reste en cours. Les aspects liés à la sécurité des lieux (incendie notamment) sont évidemment traités dans le cadre de la demande de dérogation. La sécurité des éventuels futurs résidents devra dans tous les cas être assurée.
Alors qu’un incendie de batteries au lithium s’était déclaré en février dernier chez Leclanché, il est permis de douter que le projet d’ouverture d’un centre d’accueil pour des familles ukrainiennes à proximité immédiate des locaux du fabricant de batteries aboutisse.