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Vingt ans après le rapport Bergier, « la Suisse a appris quelque chose » – rts.ch

Vingt ans après le rapport Bergier, "la Suisse a appris quelque chose" - rts.ch


Il y a vingt ans sortait le rapport Bergier, travail de mémoire colossal sur les liens entre la Suisse et l’Allemagne nazie. Valérie Boillat, collaboratrice scientifique au sein de la commission, se souvient vendredi dans La Matinale de l’intense pression qui a entouré ce travail de mémoire.

Juifs refoulés en connaissance de leur mort à venir, plaque tournante de l’or nazi et pouvoirs politiques sous la férule des intérêts économiques: les 11’000 pages du rapport, fruit du travail minutieux d’une commission d’historiens et historiennes nommée par le Conseil fédéral et emmenée par le médiéviste Jean-François Bergier, livre un tableau critique mais mitigé sur la place de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale.

>> Lire aussi: Travail de mémoire courageux et salutaire pour la Suisse, le rapport Bergier a déjà 20 ans

Aux premières loges en tant que collaboratrice scientifique à l’époque, puis collaboratrice personnelle de l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, Valérie Boillat se souvient de la pression qui pesait sur la commission Bergier et des difficultés à travailler sereinement sur la mémoire. 

Personnalité marquante du Pr. Bergier

« C’était pour moi un insigne honneur, comme jeune historienne, d’entrer dans une aventure aussi complète », se remémore-t-elle. Autour de la commission d’enquête, le climat politique et médiatique est impressionnant: « On essaie assez vite de nous protéger, en nous disant qu’il ne fallait pas parler aux journalistes, faire attention lorsque nous sortons des bureaux », raconte Valérie Boillat.

Une autre protection vient du professeur Bergier lui-même, qui a marqué durablement son entourage « avec sa bienveillance incroyable, son empathie, sa manière presque christique d’endosser la mission », décrit l’historienne. Jean-François Bergier dira d’ailleurs plus tard de lui-même: « On ne me considère plus comme une personne, mais comme un rapport ».

Douze lignes dans le manuel d’histoire

La démarche avait été initiée dans les années 1990 après l’affaire des fonds en déshérence à l’époque des plaintes collectives lancées aux Etats-Unis contre les banques suisses. Dans ce contexte, le Conseil fédéral avait chargé la commission de lever le voile sur les zones d’ombres de l’histoire suisse.

En 2002, la réception du rapport entrepris sous la contrainte extérieure a été glaciale: le Parlement a refusé de débattre du rapport, le Conseil fédéral lui consacre un communiqué poli et une conférence de presse, mais refuse de financer une exposition qui devait diffuser largement le travail de la commission. « Le soufflé était retombé, on a voulu refermer le couvercle, c’était vraiment choquant », relate celle qui travaille aujourd’hui à l’institution de formation des syndicats Movendo.

En 2022, le rapport Bergier est résumé en douze lignes dans le nouveau manuel romand d’Histoire. « Mais on s’est réveillé autrement, la Suisse a appris quelque chose », estime Valérie Boillat. « Comme le dit Ruth Dreifuss, la Suisse est fragile, en se découvrant un pays comme un autre. »

>> Revoir les archives du 19h30 sur l’achèvement du rapport Bergier:

Rapport de la commission Bergier
Les membres de la commission Bergier ont rendu leur rapport final / 19h30 / 2 min. / le 22 mars 2002

Propos recueillis par Frédéric Mamaïs/kkub

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