«Tu peux me l’envoyer sur ce numéro. Et surtout la montrer à personne ou l’effacer si t’arrive (sic).» Ce message a été envoyé le 20 mars 2018 par un policier à un patron de cabaret des Pâquis. Il concerne des images de vidéosurveillance prises le 18 mars. L’agent y repousse un homme de deux coups au visage et deux aux jambes. Ses collègues ne cillent pas. L’épisode n’a donné lieu à aucun rapport, en contradiction avec toutes les règles. Il a émergé par hasard lors de l’examen du mobile du gérant, dans une autre affaire. Le gendarme était jugé lundi en appel, après avoir écopé de 60 jours-amende avec sursis pour abus d’autorité en première instance.
Le procureur général Olivier Jornot, qui parle d’une «œuvre de dissimulation», veut une peine plus dure. «Des cas où un policier seul se rapproche d’un individu pour le frapper sans aucun motif, c’est la première fois en dix ans que je vois cela.»
Me Adrian Dan, qui plaide l’acquittement, offre une tout autre lecture. Il est 5h du matin, l’individu aviné qui invective son client a le poing fermé, un signal de danger. «Comment ne pas retenir qu’il est menaçant?» L’agent le repousse avec les paumes, ne le blesse pas. Quant à l’absence de rapport, «après la fouille, il n’y a rien, l’homme s’excuse. N’est-ce pas faire preuve de bon sens que de ne pas l’amener au poste pour lui coller une infraction?» Le verdict sera rendu ultérieurement.