« La mobilisation sera plus forte mardi que pour la journée de grève du 29 septembre » : Laurent Brun, secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots, donne le ton. Le 18 octobre, 254 assemblées générales sont prévues dans toute la France et le trafic sera perturbé, mais difficile encore de dire à quel point. Car, pour l’instant, les organisations syndicales abordent ce mouvement en ordre dispersé. La CFDT, qui s’était mobilisée fin septembre, ne l’est pas cette fois-ci. L’UNSA-Ferroviaire, la deuxième organisation du rail, reste, elle aussi, à l’écart du mouvement.
Elle privilégie la négociation et refuse, selon les mots de Didier Mathis, son secrétaire général, la « convergence des luttes » : « L’UNSA-Ferroviaire n’est pas un syndicat de lutte des classes et demeure apolitique. » A l’opposé, SUD-Rail, la troisième organisation représentative, fait déjà planer la menace d’une grève reconductible. « On fera des assemblées générales le mardi 18 octobre un peu partout en France et on posera la question, indique Fabien Villedieu, délégué syndical SUD-Rail. Il y a des chances pour que cela reconduise assez globalement jusqu’au mercredi. Nous demandons 400 euros net en plus par mois. »
Si Laurent Brun est moins menaçant que les membres de SUD-Rail, il n’exclut rien pour la CGT. « Cela dépendra du niveau de mobilisation et aussi des négociations avec la direction sur les salaires », explique-t-il. Or, pour l’instant, celle-ci « refuse de négocier ». Cette double menace complique les prévisions de trafic, plus difficiles en cas de grève reconductible que de grève « carrée ». Dimanche, les voyageurs recevaient déjà des SMS leur annonçant des annulations de TGV, même si la SNCF annonce, pour mardi, un trafic presque normal sur les lignes à grande vitesse. Dans les TER, ce sera davantage perturbé.
Clause de revoyure
Ce refus de discuter peut paraître surprenant, mais la direction de la SNCF explique que la négociation annuelle obligatoire pour 2023, avec une clause de revoyure sur l’année 2022, est programmée en fin d’année. Et qu’elle ne peut être avancée en raison des élections professionnelles, qui ont lieu du 17 au 24 novembre pour les comités sociaux et économiques. La direction rappelle aussi, dans un bulletin d’information diffusé en interne, que deux hausses ont déjà été décidées pour 2022. La première, négociée fin 2021, a conduit à une augmentation de 2,7 % au 1er janvier.
La deuxième, à la suite de la table ronde du 6 juillet, relève de nouveau les salaires de 3,1 % en moyenne à compter du 1er avril (entre 3,7 % et 2,2 %, selon le niveau de rémunération) et sera visible, avec effet rétroactif, sur les fiches de paie d’octobre. Les indemnités (majorations pour les heures de nuit, les dimanches et les jours fériés, par exemple) augmentent aussi, entre 4 % et 7 %. Quant aux discussions de fin d’année, il est déjà acté qu’elles prévoient une clause de revoyure sur le pouvoir d’achat 2023.
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