La démission d’Ueli Maurer donne le coup d’envoi de la course à sa succession. La question sur toutes les lèvres est de savoir si l’UDC présentera pour la première fois une femme sur son ticket. Le Parlement élira le nouveau conseiller fédéral le 7 décembre prochain.
Ueli Maurer a dit qu’il ne s’immiscerait pas dans le choix de son successeur. « C’est le travail du Parlement », a-t-il dit aux médias.
Les sections cantonales de l’UDC ont jusqu’au vendredi 21 octobre pour soumettre leurs candidats à la commission de sélection. Celle-ci procédera ensuite à des auditions et soumettra sa proposition à la direction du groupe parlementaire d’ici le 11 novembre. La nomination par le groupe parlementaire devrait vraisemblablement avoir lieu le 18 novembre.
Une femme?
Actuelle conseillère d’Etat zurichoise en charge de la santé, Natalie Rickli possède aussi une expérience au Conseil national (2007 à 2019). [Anthony Anex – Keystone]La fille de Christoph Blocher, Magdalena Martullo-Blocher (GR), est le premier nom qui vient à l’esprit. Mais elle ne se portera pas candidate, a-t-elle indiqué vendredi. « L’UDC a suffisamment de candidats excellents. »
L’ancienne députée et actuelle ministre de la Santé zurichoise Natalie Rickli pourrait être une option consensuelle. Son canton d’origine est un atout supplémentaire. Zurich n’a que rarement été exclu du Conseil fédéral. D’autres politiciennes, à l’image de la Saint-Galloise Esther Friedli ou de la Thrugovienne Diana Gutjahr, pourraient également se profiler.
Bien que vice-présidente du parti, Céline Amaudruz ne devrait en revanche pas encore s’annoncer. La Genevoise devrait plutôt attendre le départ de Guy Parmelin. « Je ne pense pas que des Romands vont prétendre au siège d’Ueli Maurer », a-t-elle déclaré dans le 12h30.
La conseillère nationale Esther Friedli (SG) fait aussi partie des papables. Problème: sa compatriote cantonale Karin Keller-Sutter est déjà au Conseil fédéral. [Anthony Anex – Keystone]
Si elle serait « ravie » qu’une femme UDC soit élue, Céline Amaudruz précise toutefois que « le premier critère sera de trouver la personne qui veut y aller et qui réponde aux besoins du partis et de la population ».
Quoi qu’il en soit, aucune ne sera la première élue du parti au Conseil fédéral. Eveline Widmer-Schlumpf, issue de l’aile modérée de l’UDC, avait été préférée en 2007 au ministre en place, Christoph Blocher. Exclue de son parti après un long processus, la conseillère fédérale avait finalement rejoint le PBD, créé en 2008 par les dissidents grisons, bernois et glaronais de l’UDC.
Ou un ticket masculin?
Le parti conservateur pourrait toutefois ne pas vouloir envoyer une quatrième femme au Conseil fédéral et présenter un ticket exclusivement masculin. Le nom du chef du groupe parlementaire, Thomas Aeschi, pourrait alors revenir sur la table.
Le conseiller national lucernois Franz Grüter. [Anthony Anex – Keystone]Candidat en 2015, l’économiste zougois aujourd’hui âgé de 43 ans avait été battu par Guy Parmelin. Cette fois-ci, sa position à la tête du groupe pourrait lui être plus favorable et lui donner l’envergure dont il pouvait manquer à l’époque. Le nom de l’ancien président de l’UDC et conseiller national bernois Albert Rösti est également cité.
Le conseiller national zurichois Gregor Rutz, ancien secrétaire général de l’UDC suisse, pourrait aussi se retrouver sur la liste, tout comme le député schaffhousois Thomas Hurter, le conseiller national lucernois Franz Grüter, ou l’ancien président du parti Toni Brunner.
Certains évoquent également le conseiller national Roger Köppel. Mais le journaliste zurichois, directeur de la Weltwoche, devrait préférer son rôle de tribun à celui de conseiller fédéral. L’ancien président du Conseil des Etats Alex Kuprecht (SZ) devrait aussi laisser passer son tour.
Le député Thomas Hurter pourrait-il devenir le premier conseiller fédéral du canton de Schaffhouse? [Alessandro della Valle – Keystone]
Des ambitions vertes
Le départ d’Ueli Maurer pourrait en outre susciter des convoitises au-delà de l’UDC. Depuis leur percée au Parlement, les Verts ne cachent pas leur volonté de conquérir un siège au Conseil fédéral. En décembre 2019, ils ont envoyé leur cheffe de l’époque Regula Rytz tenter d’évincer le libéral-radical Ignazio Cassis. Seul leur allié de toujours, le PS, avait soutenu la Bernoise.
Fraîchement élu à la tête des Verts, Balthasar Glättli a réitéré cette ambition en juin 2020. « Nous devons être prêts si quelqu’un se retire du Conseil fédéral », avait-il lancé lors d’une assemblée des délégués en ligne. S’il affirme ne pas vouloir du poste, il rêve cependant « d’être le président vert qui installera le premier ou plutôt la première conseillère fédérale verte ».
Pas sûr toutefois qu’ils parviennent à infliger une telle perte à l’UDC. Le parti reste le premier de Suisse et capitalise là-dessus pour revendiquer deux sièges au gouvernement.
Dans le 12h30, le conseiller aux Etats jurassien Charles Juillard n’entend pas remettre en cause le deuxième siège UDC, mais il espère qu’un ticket soit proposé à l’Assemblée fédérale, comme cela a « été imposé à d’autres partis », pour « trouver la meilleure personne qui fera peut-être symbiose avec les autres conseillers fédéraux ».
>> Ecouter les réactions de Céline Amaudruz (UDC/GE), Samuel Bendahan (PS/VD), Charles Juillard (Centre/JU) et Olivier Feller (PLR/VD) dans le 12h30 quant à la succession d’Ueli Maurer:
jfe avec ats