L’armée burkinabée a été confrontée, lundi 24 octobre, à une attaque meurtrière menée par des djihadistes sur l’une de ses casernes à Djibo dans le nord du Burkina Faso.
« Le 14e régiment interarmes de Djibo a fait face » lundi matin « à une attaque terroriste qui a visé sa base », a expliqué, dans un communiqué, l’état-major. « Le bilan provisoire établi fait état de dix militaires tombés au cours des combats et une cinquantaine de blessés qui ont été pris en charge », ajoute-t-il. Le texte affirme que « les éléments du régiment ont vaillamment riposté aux tirs directs et indirects de l’ennemi venu en nombre important ».
« Côté ennemi, au moins dix-huit corps de terroristes ont été dénombrés au cours des opérations de ratissage qui sont toujours en cours », selon l’état-major. Il précise que « des renforts aériens ont été déployés dans la zone pour assurer les opérations de secours et de riposte ».
Des sources sécuritaires jointes par l’Agence France-Presse ont indiqué que « l’attaque a débuté peu avant 5 heures locales [7 heures à Paris] par des tirs d’obus sur la caserne » militaire. « D’autres installations stratégiques de la ville ont également été visées », selon les mêmes sources.
La ville de Djibo est soumise depuis trois mois à un blocus des djihadistes qui ont coupé les principaux axes y menant en faisant sauter des ponts. Les témoignages ont fait état d’une situation critique dans cette agglomération de 300 000 habitants – dont de nombreux déplacés – capitale de la région du Sahel enclavée dans le nord du Burkina et où la famine menace.
40 % du territoire sous contrôle des djihadistes
Le 26 septembre, un convoi de ravitaillement à destination de Djibo avait été attaqué par des hommes armés. L’attaque, revendiquée par Al-Qaida, a officiellement fait 37 morts, dont 27 militaires. Soixante-dix conducteurs de camions restent portés disparus, selon leur syndicat.
Cette attaque a servi de catalyseur au coup d’Etat du 30 septembre, perpétré par le capitaine Ibrahim Traoré, qui a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Il s’agissait du deuxième coup d’Etat au Burkina Faso en huit mois, les putschistes invoquant à chaque fois la dégradation de la situation sécuritaire dans ce pays en proie à la violence djihadiste depuis sept ans.
Investi le 21 octobre comme président de la transition par le Conseil constitutionnel, le capitaine Traoré a assuré que leurs « objectifs ne sont autres que la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ».
Les groupes djihadistes contrôlent environ 40 % du territoire burkinabé. Le pays est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des mouvements djihadistes affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique (EI). Ces attaques régulières, d’abord concentrées au nord avant de s’étendre au reste du pays, particulièrement l’est, ont fait des milliers de morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leurs foyers.