L’histoire pourrait être tirée d’un film. Ahmad Abouammo, un Américano-Libanais, vient d’être reconnu coupable outre-Atlantique d’espionnage pour le compte de l’Arabie saoudite quand il travaillait chez Twitter. Une accusation relayée par CNBC, le jeudi 15 décembre.
Des informations clés
Ahmad Abouammo travaillait pour le compte de Twitter jusqu’en 2015. Il vient d’être condamné à une peine de trois ans de prison pour avoir participé à une opération d’espionnage d’ampleur. Le salarié était en charge des partenariats médias de Twitter au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’homme est accusé d’avoir récupéré, illégalement, les données confidentielles telles que des numéros de téléphone et des dates de naissance de plusieurs opposants au profit des autorités saoudiennes.
L’individu travaillait pour le compte d’un agent du gouvernement. Il se faisait payer via le compte bancaire de son cousin et recevait des cadeaux à date régulière, selon le témoignage d’un agent du FBI. L’exfiltration des données de Twitter aurait débuté en 2014, selon l’accusation.
Pour rappel, en Arabie saoudite, l’expression publique antigouvernementale est très sévèrement réprimée, y compris sur les réseaux sociaux. Des condamnations de plusieurs dizaines d’années pour de simples tweets critiques vis-à-vis des autorités ont déjà été prononcées dans le pays. Ahmad Abouammo fournissait au gouvernement l’ensemble des informations utiles pour identifier les opposants sur le réseau social.
Plusieurs centaines de milliers de dollars
Après son départ de Twitter en 2015, l’accusé a continué à aider le gouvernement saoudien. Il contactait alors certains de ses collègues et demandait de lui fournir les informations privées de plusieurs comptes. Il exigeait également la suppression de plusieurs tweets critiques vis-à-vis du gouvernement, toujours selon le témoignage de l’agent du FBI.
Pour commettre ces méfaits, l’homme aurait reçu plusieurs centaines de milliers de dollars. Une opération d’espionnage rondement menée, qui s’est soldée par la condamnation d’Ahmad Abouammo, mercredi, à trois ans de prison. L’homme est aujourd’hui le premier à être condamné par la justice civile aux États-Unis pour une telle opération d’espionnage. Contacté par CNBC, le consulat saoudien aux États-Unis n’a pas commenté l’affaire.
Twitter infiltré par plusieurs gouvernements ?
Peiter C. Zatko, connu sous le nom de “Mudge”, jadis en charge de la cybersécurité chez Twitter, a assuré que plusieurs gouvernements étrangers ont infiltré le réseau social ces dernières années. Dans une plainte déposée auprès de la Securities and Exchange Commission et de la Federal Trade Commission, il accusait son ancienne société d’avoir caché plusieurs fuites de données.
Selon cet ancien responsable, Twitter aurait notamment été la cible des gouvernements de l’Inde, du Nigeria, de la Russie ou encore des services chinois. Des salariés du réseau social auraient été choisis par ces pays pour transmettre des informations sur les comptes de plusieurs utilisateurs.