in

Swatch puni pour des licenciements après un congé maternité

Swatch puni pour des licenciements après un congé maternité


Publié

GenèveDeux femmes virées après la maternité: Swatch condamné

Les Prud’hommes ont estimé que le groupe horloger s’était rendu coupable de discrimination en renvoyant deux employées après leur accouchement.

Le siège de Swatch, à Bienne.

Le siège de Swatch, à Bienne.

20min/Simon Glauser

«Durant l’entretien de licenciement de Gabrielle*, on lui a dit: de cette façon, vous aurez plus de temps pour vous occuper de votre enfant», relate Me Céline Moreau, outrée. Depuis, la roue a tourné. Fin septembre, le Tribunal des prud’hommes a tranché: les renvois de Gabrielle et de sa collègue Catherine* prononcés à l’été 2020 par les boutiques Swatch, quelques jours après leur retour de congé maternité, sont abusifs. «Les deux jugements reconnaissent la discrimination fondée sur l’état de grossesse», se félicite ce jeudi l’avocate.

«Jurisprudence très importante»

«Malheureusement, on voit cela bien trop souvent, juge Alejo Patino, secrétaire syndical à Unia, qui a soutenu les deux femmes. Mais la longueur de la procédure décourage les dénonciations.» Me Moreau parle donc «d’une jurisprudence très importante, car il y a beaucoup de cas mais peu de décisions de justice.» Le site leg.ch ne recense ainsi que seize procédures intentées en Suisse depuis 2008 pour discrimination liée à la maternité, dont six victorieuses. «Or, selon le bureau d’études de politique du travail et de politique sociale (BASS), une femme sur dix perd son emploi en retour de congé maternité», dit l’avocate.

«Il faut que chaque femme se sente forte»

Gabrielle et Catherine, à l’évidence encore ébranlées, expliquent avoir voulu se battre pour les autres femmes. «Avec ce jugement, on récupère une petite partie de notre dignité, avance la première. Le droit à la maternité, ça fait partie de la vie.» La seconde abonde: «Je parle pour que cela ne se reproduise plus. L’homme devrait être l’égal de la femme, qui devrait être considérée autrement. C’est un combat, il faut que chaque femme se sente forte et aille jusqu’au bout.»

Malgré son désaccord, Swatch ne fera pas appel 

Swatch Group a indiqué qu’il ne fera pas appel contre la décision des Prud’hommes. En revanche, il affirme que les licenciements «n’ont pas été prononcés en lien avec les grossesses. L’une des personnes a été licenciée en raison de très nombreuses absences avant la grossesse. L’autre a enfreint des instructions de travail claires peu après son retour de congé maternité.» Le groupe horloger précise qu’il s’agissait de licenciements ordinaires avec libération de l’obligation de travailler, et que les deux employées ont perçu leur salaire jusqu’à la fin de leur délai de congé. 

Unia veut plus de protection

Aujourd’hui, une femme en congé maternité jouit d’une protection absolue contre le licenciement. Unia veut «que cette protection s’étende durant les six mois suivant le retour au travail», défend Alejo Patino. Il désire aussi qu’en lieu et place du caractère abusif des licenciements soit prononcée leur nullité, «donnant lieu soit à une réintégration, soit à deux ans de salaire. Actuellement, dans le meilleur des cas, une femme peut obtenir six mois de salaire. Mais elle a quand même perdu son emploi..! Et en retrouver un est difficile».



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le Sentier Transcanadien reçoit 55 millions $ d’Ottawa

Le Sentier Transcanadien reçoit 55 millions $ d’Ottawa

“Si Engie est déraisonnable, on peut les forcer à garder des réacteurs ouverts”, prévient l’Open Vld

“Si Engie est déraisonnable, on peut les forcer à garder des réacteurs ouverts”, prévient l’Open Vld