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Sur le point d’annoncer sa candidature pour 2024, Donald Trump est-il « démonétisé » ?

Sur le point d’annoncer sa candidature pour 2024, Donald Trump est-il "démonétisé" ?


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L’ancien président des États-Unis prévoit d’annoncer mardi sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, mais plusieurs voix au sein du Parti républicain l’accusent d’être responsable des résultats mitigés enregistrés lors des midterms et préféreraient tourner la page du « trumpisme ».

Donald Trump a promis une « très grande annonce » pour mardi 15 novembre et un discours qui « sera probablement le plus important de l’histoire des États-Unis ». S’il devrait confirmer sa candidature pour la course à la Maison Blanche de 2024, les futurs historiens apprécieront sans doute différemment le caractère mémorable de cette annonce qui sera faite dans un contexte marqué par les vents contraires.

Le milliardaire républicain a convoqué la presse dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, à 21 h (2 h GMT mercredi). « Le président Trump va annoncer sa candidature à l’élection présidentielle mardi », a assuré Jason Miller, un de ses conseillers, promettant une allocution « très professionnelle, très soignée ».

Mais depuis les élections de mi-mandat du 8 novembre et l’absence de « vague rouge » républicaine sur le Congrès, Donald Trump est considéré comme le principal responsable de ce qui est désormais vu comme un échec – les républicains ayant échoué à prendre le contrôle du Sénat et l’incertitude planant toujours sur le sort de la Chambre des représentants.

>> À voir, notre Débat : « Élections américaines de mi-mandat : les démocrates résistent face aux républicains »

La réputation de faiseur de rois de Donald Trump, qui s’est personnellement impliqué durant la campagne, a été sérieusement mise à mal. Plusieurs candidats novices ayant reçu son soutien, notamment car ils reprenaient à leur compte la thèse selon laquelle Donald Trump avait été victime de fraude électorale en 2020, ont été battus le 8 novembre. Les exemples des candidats au Sénat Mehmet Oz, en Pennsylvanie, et Blake Masters, en Arizona, sont ainsi régulièrement mis en avant. Au total, ils sont plus d’une vingtaine de candidats républicains – au Sénat, à la Chambre des représentants ou à un poste de gouverneur – soutenus par Donald Trump à avoir perdu, selon une liste tenue à jour par Newsweek.

« Quand on regarde les scores, les républicains sortants sont presque tous réélus et ceux qui ont perdu sont les trumpistes, à l’exception de J. D. Vance élu sénateur de l’Ohio et Joe Lombardo élu gouverneur du Nevada », analyse Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université Paris-Panthéon-Assas, spécialiste de la politique américaine.

« La troisième élection de suite que Donald Trump nous fait perdre »

Alors que les midterms sont d’ordinaire un référendum pour ou contre le président en place à la Maison Blanche, l’omniprésence de Donald Trump durant la campagne a transformé le scrutin : si 32 % des électeurs ont voté pour s’opposer à Joe Biden, 28 % l’ont fait quant à eux pour s’opposer à Donald Trump, selon un sondage cité par NBC News.

Par conséquent, les républicains sont de plus en plus nombreux à vouloir tourner la page Donald Trump, jetant une ombre sur ses projets présidentiels. « C’est la troisième élection de suite que Donald Trump nous fait perdre », a dénoncé dimanche le gouverneur du Maryland Larry Hogan, sur CNN, en référence aux élections de mi-mandat de 2018, à l’élection présidentielle de 2020 et aux élections de mi-mandat de 2022.

D’autres grands noms du parti, comme le gouverneur du New Jersey Chris Christie ou l’ancien président de la Chambre des représentants Paul Ryan, ont également reproché à Donald Trump de s’être immiscé dans la campagne, agissant comme un repoussoir sur les électeurs sans affiliation partisane.

De son côté, l’ancien président joue les victimes et s’en prend, comme à son habitude, au Parti républicain. Dimanche, il a imputé avec beaucoup d’agressivité la déroute à Mitch McConnell, le chef du groupe républicain au Sénat, qui avait été un allié solide pendant son mandat, mais qui a pris ses distances depuis l’assaut sur le Capitole.

« Il a fichu en l’air les élections et tout le monde le méprise », a-t-il éructé sur son réseau Truth Social, lui reprochant de ne pas avoir investi suffisamment d’argent dans la campagne de Blake Masters, candidat qu’il soutenait dans l’Arizona.

« Il n’est plus en capacité de créer un élan suffisant »

Donald Trump a également attaqué les médias détenus par le magnat Rupert Murdoch, la chaîne de télévision Fox News et le quotidien New York Post, coupables selon lui de désormais soutenir le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, pour 2024. Le tabloïd new-yorkais a ainsi mis ce dernier à sa une, au lendemain des élections, en titrant « DeFuture », avant d’enterrer Donald Trump le jour suivant en le caricaturant sous la forme de Humpty Dumpty, un personnage de comptine en forme d’œuf qui chute d’un mur.

« Donald Trump est totalement démonétisé, affirme Jean-Éric Branaa. Il n’est plus en capacité aujourd’hui de créer un élan suffisant. Il possède toujours une base, des fans capables de se déchaîner sur les réseaux sociaux, mais à côté de ça, il se fait vieux et, surtout, alors que les électeurs attendent des solutions sur l’inflation, sur la crise énergétique, sur les salaires, il ne propose rien. »

Autre obstacle qui complique son ascension vers la Maison Blanche : ses nombreux ennuis judiciaires, qui pourraient finir par le disqualifier. L’ancien président est visé par plusieurs enquêtes pour son rôle dans l’attaque contre le siège du Congrès, le 6 janvier 2021, ou sa gestion des archives de la Maison Blanche.

Reste que l’homme d’affaires devenu politicien a démontré par le passé qu’il ne fallait pas l’enterrer trop vite. À 76 ans, il conserve une popularité indéniable dans une partie de l’électorat républicain et les sondages le donnent jusqu’ici toujours gagnant d’une primaire républicaine.

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