Vous ne connaissez pas le nom de Kelly Chiavaro ? Vous devriez. Sans que personne ne parle d’elle, elle fait son chemin dans le monde du soccer féminin mondial.
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Après une saison en Israël et une autre en Série A italienne, la gardienne de 26 ans originaire de Montréal a récemment rejoint l’un des clubs les plus prestigieux au monde.
Elle porte en effet depuis quelques jours les couleurs du renommé club brésilien Flamengo, qui est situé à Rio.
« J’ai signé un contrat d’un an avec une possibilité de prolongation de six mois. »
Chiavaro arrive dans sa nouvelle équipe au moment où celle-ci est en pause en raison de la Copa América. Au retour, l’équipe sera engagée dans les séries éliminatoires.
Progression
Si Chiavaro se retrouve désormais en Amérique du Sud, c’est parce qu’elle est d’abord passée par l’Italie où elle a joué à Naples la saison dernière. C’est une coéquipière à Naples qui l’a mise sur la piste brésilienne.
C’est autant par choix que par obligation que Chiavaro a quitté Naples où elle était heureuse.
« On a été reléguées en division deux, j’aurais aimé rester à Naples si on était restées en division un. Si je veux jouer avec l’équipe nationale, je dois être en première division.
« C’est mon plus beau moment au foot, a-t-elle ajouté. Ç’a été une année difficile parce que je n’ai pas joué beaucoup. Ç’a été une année d’apprentissage parce que techniquement, c’était ma vraie première année professionnelle en Europe. »
Expérience différente
Sa première saison professionnelle, c’est avec le Maccabi Emek Hefer, club basé en banlieue de Tel-Aviv, en Israël, qu’elle l’a vécue.
Elle sortait alors de l’Université Colgate où elle a étudié en psychologie et science cérébrale.
« Le plus dépaysant, c’est la langue, l’hébreu est très différent de ce qu’on connaît. Même après un an, j’arrivais à comprendre un peu ce que le coach disait, mais c’était rare.
« Deux ou trois joueuses parlaient anglais alors elles traduisaient pour les internationales. Je ne pouvais jamais avoir une conversation sans traducteur avec l’entraîneur. »
Elle en garde un bon souvenir, sur le plan sportif, affirmant que c’est « une bonne ligue pour vivre une première expérience professionnelle. »
Éprouvant
Sur le plan humain, les choses ont été bien différentes. Elle a pris connaissance d’une réalité qui ne fait pas souvent son chemin dans notre actualité.
« On vit sous le Dôme de fer », un système de défense antimissile qui protège l’espace aérien israélien contre les attaques outre-frontière.
« Au printemps 2021, les choses se sont gâtées. Après un entraînement, nous étions en voiture et nous avons fini par entendre une sirène sans savoir ce que c’était. On voyait les voitures s’arrêter sur le bord de la route, et les gens se couchaient au sol. »
Les semaines qui ont suivi ont contenu leur lot d’angoisse.
On voyait les missiles dans le ciel et pendant deux semaines, il y avait des missiles qui tombaient à Tel-Aviv, ce qui n’était pas arrivé depuis des années. C’était toxique, les Israéliennes et les Arabes de l’équipe ne se parlaient plus. »
Elle rêve de l’équipe nationale italienne
Lors de son passage en Italie, la saison dernière, Kelly Chiavaro a eu une occasion qui ne s’est jamais présentée à elle au Canada : jouer pour l’équipe nationale.
C’est par un heureux concours de circonstances qu’elle a participé à la Coupe d’Europe de soccer de plage avec la formation féminine de l’Italie. La compétition avait lieu à Nazaré, au Portugal.
« J’ai un cousin qui vit en Italie et qui a été capitaine pendant des années de l’équipe nationale masculine de soccer de plage. Ils cherchaient une gardienne pour l’équipe féminine et on m’a invitée à un camp.
« C’est un sport complètement différent. Ce sont trois périodes de douze minutes, il y a des changements au cours du jeu, le terrain est plus petit et on joue à quatre joueurs et une gardienne. Le ballon est beaucoup joué dans les airs. J’ai dû aller sur YouTube pour voir des matchs pour me reprogrammer et me familiariser avec les règles. »
Porte d’entrée
Maintenant qu’elle a participé à une compétition avec une formation italienne, elle est attachée à cette nation sur le plan international.
Elle espère donc qu’il s’agira pour elle de gravir les échelons du soccer féminin italien. Notons que puisque son père est Italien, elle détient un passeport de la patrie de Garibaldi.
« Le beach [soccer] est un pas dans la bonne direction parce que je suis maintenant dans le système, même si là-bas, on voit ça comme deux sports différents.
« Dans le futur, j’aimerais retourner en Italie et je suis dans le système alors qu’ici, on ne m’a jamais donné l’opportunité d’être dans le système. »
Ignorée
Même si elle a toujours joué à un haut niveau et qu’elle a joué en première division de la NCAA, elle a toujours été ignorée par l’équipe nationale canadienne.
« Pendant longtemps, j’ai été déçue, et même ici, au soccer québécois, quand j’étais plus jeune, je croyais que je méritais ma chance. »
Elle reconnaît cependant qu’elle a sa part de responsabilité parce qu’elle a peut-être mis un peu de temps à prendre son sport réellement au sérieux.
« Quand j’étais plus jeune, je n’avais pas la maturité que j’ai maintenant. Aujourd’hui, je me donne à fond et je n’étais pas comme ça plus jeune.
« J’ai toujours voulu jouer en Europe et dans la NCAA. Mais je n’avais pas la persévérance et l’investissement que j’ai aujourd’hui. »