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Simonetta Sommaruga, une adepte du consensus mise à rude épreuve – rts.ch

Simonetta Sommaruga, une adepte du consensus mise à rude épreuve - rts.ch


Simonetta Sommaruga quitte le Conseil fédéral après 12 années. Les compromis, parfois ambitieux, trouvés au Parlement n’ont toutefois pas toujours franchi l’étape du vote populaire. La socialiste de 62 ans est parvenue à réformer le système d’asile, mais a essuyé un cuisant échec sur la loi sur le CO2.

Simonetta Sommaruga n’est pas du genre à reculer devant les obstacles. Forcée par la droite de reprendre l’ingrat dicastère de justice et police en novembre 2010, elle relève le défi. La Bernoise fait même mieux que ses prédécesseurs à ce poste traditionnellement réservé à un juriste, réformant l’asile tout en restant populaire.

La socialiste parvient à accélérer les procédures d’asile en les centralisant dans des centres fédéraux, sans négliger les droits des requérants. Elle rafle la mise avec près de 68% d’adhésion populaire en 2016. Quelques années auparavant, elle avait déjà renoué avec l’accueil de contingents de réfugiés tout en défendant des tours de vis soutenus massivement par le peuple.

Une position mal vue dans son camp. Des camarades de parti la trouvent trop collégiale. D’aucuns n’ont en outre jamais digéré qu’elle remette en cause certaines orientations du PS par le passé, se plaçant dans une ligne plus sociale-libérale.

>> Le suivi en direct: Simonetta Sommaruga annonce sa démission du Conseil fédéral pour la fin de l’année

Tête de Turc de l’UDC

Les critiques fusent également à l’autre bout de l’échiquier politique. Dès son arrivée, l’UDC avait trouvé sa tête de Turc. Présentée comme la source de tous les problèmes concernant les étrangers et la criminalité, la ministre réservée a presque toujours su garder son calme et son cap. Elle a aussi montré des nerfs d’acier pour gérer la colère de Bruxelles après le « oui » des Suisses à l’initiative contre l’immigration de masse en 2014.

Les attaques du parti conservateur ne diminuent pas lorsqu’elle endosse les habits de cheffe de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication en 2019. Bien au contraire. L’UDC tire à boulets rouges sur celle qui veut s’affranchir des énergies fossiles, menant la fronde contre la révision de la loi sur le CO2.

Le texte, issu d’un audacieux compromis sous la Coupole, devait permettre à la Suisse de réduire d’ici à 2030 ses émissions de moitié par rapport au niveau de 1990. Le peuple le refuse en 2021.

Combative pour l’énergie

Pas découragée, Simonetta Sommaruga présente dans la foulée une grande réforme de l’énergie axée sur le développement des énergies renouvelables et un contre-projet à l’initiative sur les glaciers, devant servir de plan B après l’échec de la loi sur le CO2. Satisfaits du compromis, les initiants retirent leur texte.

L’UDC persiste et lance le référendum. Son successeur devra mener la nouvelle campagne. L’instabilité des prix de l’électricité et des livraisons de gaz russe, liée à la guerre en Ukraine, et l’absence d’accord sur l’électricité avec l’Union européenne pourrait en convaincre plus d’un de la nécessité de renforcer les énergies indigènes et de réduire les dépendances envers l’étranger.

La période est sensible, et la ministre est sur tous les fronts. Elle a rapidement mis sur pied une série de mesures pour éviter une pénurie: réserve hydroélectrique, centrales de réserve, augmentation des capacités de stockage et des options de livraison de gaz, mécanisme de sauvetage pour les grands électriciens et campagne d’économie. La Suisse semble en bonne posture pour affronter l’hiver 2022-2023.

A l’épreuve du coronavirus

Les crises, Simonetta Sommaruga connait. Sa première présidence l’avait déjà propulsée sous les projecteurs après les attentats de Paris. Elle n’avait alors pas hésité à muscler l’arsenal policier et juridique contre la menace terroriste.

Quand elle reprend les rênes de la Confédération en janvier 2020, la Bernoise doit lutter contre la pandémie de coronavirus. Face à la population inquiète, elle s’est montrée rassurante et rassembleuse. Mais c’est surtout dans les coulisses qu’elle a été active. La présidente a multiplié les rencontres avec les cantons ou les branches particulièrement touchées pour trouver des solutions.

La ministre est de manière générale une adepte des tables rondes. Cela lui réussit pour rallier les cantons à sa politique d’asile, sur la question des enfants placés ou sur les projets hydrauliques prioritaires. La méthode marche moins bien avec l’UDC: associer le parti à la mise en oeuvre de son initiative sur le renvoi des criminels étrangers revient à faire entrer le loup dans la bergerie, a-t-elle appris à ses dépens.

>> Simonetta Sommaruga évoque son année comme présidente de la Confédération en 2020:

Simonetta Sommaruga évoque son année comme présidente de la Confédération et la pandémie de Covid-19 [RTS]
Simonetta Sommaruga évoque son année comme présidente de la Confédération et la pandémie de Covid-19 / Edition spéciale / 2 min. / aujourd’hui à 14:10

Moins crispée

Perfectionniste, la cheffe aime assurer ses arrières et ne laisse rien au hasard avec son personnel. Quitte à se séparer d’un jour à l’autre du directeur de l’Office des migrations en poste à son arrivée. Le coup d’éclat était toutefois inhabituel pour la conseillère fédérale.

Elle qui pesait ses mots en début de mandat, pouvant paraître crispée malgré sa solide maîtrise des langues, s’est libérée petit à petit. Simonetta Sommaruga a osé donner son avis personnel sur des sujets qui la touchent et appris à manier le registre émotionnel.

Artisane de la modernisation du droit de la famille, la pianiste de formation a su faire preuve de doigté pour faire avancer les causes qui lui sont chères. C’est elle qui a convaincu le Conseil fédéral d’intervenir contre la discrimination salariale des femmes.

ats/hkr

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