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« Si les Turcs attaquent le nord-est de la Syrie, cela aura un impact sur la lutte contre l’Etat islamique »

« Si les Turcs attaquent le nord-est de la Syrie, cela aura un impact sur la lutte contre l’Etat islamique »


Le commandant Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes, à Hassaké (Syrie), le 9 septembre 2022.

La menace agitée en mai par le président turc, Recep Tayyip Ergogan, d’une offensive sur les territoires du Nord-Est syrien administrés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) ne s’est pas encore matérialisée. Elle n’en est pas moins « sérieuse », aux yeux du commandant Mazloum Abdi, le chef des FDS. « S’ils en ont l’occasion, les Turcs la mettront à exécution. Nous nous préparons à répliquer le cas échéant », assure le militaire kurde syrien de 55 ans, rencontré dans la région autonome, le 9 septembre.

Deux raisons expliquent ce délai. « La tentative d’Erdogan d’obtenir le feu vert, que ce soit des Américains ou des Russes, a pour le moment été infructueuse, confirme le commandant Abdi. Et les forces turques sont occupées avec l’opération lancée au Kurdistan irakien », en février, contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont le Parti de l’union démocratique, la principale composante des FDS, est la branche syrienne.

En juin, M. Erdogan avait précisé que l’offensive viserait Tall Rifaat et Manbij. « Elle visera aussi Kobané », le symbole de la résistance kurde face à l’organisation Etat islamique (EI), assure M. Abdi, originaire de cette ville. « Les Turcs veulent avoir une présence permanente en Syrie et annihiler l’existence kurde, explique-t-il. C’est le même scénario qu’à Afrine [en 2018] : pousser les Kurdes hors de cette région et modifier l’équilibre démographique. Ils ont déjà annoncé qu’ils implanteraient un million de réfugiés syriens. Ça ne peut se faire sans que les Kurdes soient assimilés ou quittent la région. »

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Le commandant des FDS dit n’avoir reçu « aucune garantie » des Américains ou des Russes que l’offensive n’aurait pas lieu. En 2019, les Américains avaient autorisé l’offensive turque sur Ras Al-Aïn et Tall Abyad. « Ils en ont tiré les leçons. Si les Turcs attaquent, cela va avoir des répercussions sur l’existence même des Américains au sol et sur la lutte contre l’EI », poursuit-il. Des unités des FDS ont déjà été redéployées du camp de Al-Hol et de la région de Deir ez-Zor vers la frontière turque. « Notre combat contre la Turquie se joue au niveau du renseignement : on doit concentrer nos services de renseignement sur ce combat plutôt que sur la recherche des cellules de l’EI », explique Mazloum Abdi.

C’est une brèche ouverte pour le groupe djihadiste. « On a arrêté, il y a trois mois, une cellule de l’EI qui avait en projet d’attaquer le camp d’Al-Hol quand l’offensive turque serait lancée pour en libérer la population », assure le commandant des FDS. Il appelle les pays étrangers à rapatrier leurs ressortissants, dont la France. « Les pas sont très lents. Les délais sont du fait des Français, pas du nôtre », dit-il.

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