Les images générées par des intelligences artificielles font de nouveau parler d’elles. Après avoir déferlé sur les réseaux sociaux ces derniers mois, ces illustrations d’un genre nouveau commencent à trouver leur place sur les plateformes des banques d’images. Shutterstock, rival du très connu Getty Image, a annoncé un partenariat avec OpenAI pour commercialiser des images générées par Dalle-E.
« Créer à la vitesse de l’imagination »
Surnommé « Créer à la vitesse de l’imagination« , ce programme permettra au public « de générer instantanément des images sur la base des critères qu’ils saisissent » sur le moteur de recherche Shutterstock. Pour le dire plus simplement, si vous ne trouvez pas d’images qui vous conviennent dans la banque « traditionnelle », Dalle-E s’occupera d’en créer une pour vous.
Le partenariat entre Shutterstock et OpenAI n’a rien de très surprenant puisque Dall-E s’est beaucoup entraîné sur les photos de la banque d’images (qui ont l’avantage d’être souvent bien légendées). Shutterstock va donc profiter de l’outil qu’elle a contribué à construire. Mais ce partenariat soulève de nombreuses questions. Beaucoup d’artistes sont en effet dubitatifs quant à l’émergence de ces IA de création d’images. Formés via l’absorption d’une quantité considérable d’images numériques, Dall-E, Midjourney, Stable Diffusion et autres se sont fait une spécialité d’imiter le style de certains peintres, graphistes et autres artistes, en frôlant souvent le plagiat.
Bien conscient de cette problématique, Shutterstock a annoncé monter en parallèle de ce projet un fonds qui rémunèrera les artistes dont le contenu a été utilisé pour créer des images sur Dall-E. Une initiative qui souligne bien l’ambiguïté qui entoure le développement de ces IA. Ce pécule sera versé tous les six mois, mais aucune information sur la somme n’a été communiquée par Shutterstock. « Nous reconnaissons qu’il est de notre responsabilité de participer à cette évolution et de veiller à ce que la technologie qui alimente l’innovation soit fondée sur des pratiques éthiques« , explique Paul Hennessy, PDG de Shutterstock.
Le débat éthique fait rage
Getty Image, de son côté, ne voit pas les choses du même œil. La plateforme a banni les images générées par des IA depuis des semaines maintenant, et vient d’en remettre une couche. Nous « sommes témoins de l’imprudence de certaines organisations, de certains individus et de certaines entreprises […] Le fait que ces questions ne soient pas examinées est un problème. Dans certains cas, elles sont simplement mises de côté. Je pense que c’est dangereux et irresponsable. Je pense même que cela pourrait être illégal« , souffle Craig Peters, le PDG de Getty, dans une interview accordée au média américain The Verge.
Cette allusion à peine voilée aux pratiques de son concurrent souligne la différence d’approche de Getty face à ces images bricolées par des machines. La banque d’images américaine a en réalité choisi une troisième voie, qui consiste à utiliser l’IA pour modifier des images déjà présentes sur le site. Plutôt que de créer une image de A à Z, l’intelligence artificielle utilisée par Getty est capable de modifier la couleur de peau, les cheveux ou le visage de certains sujets sur les photos afin de « créer des images qui trouvent un écho auprès de chaque public« .
Difficile de dire si la perspective de transformer des photos en autre chose est beaucoup plus rassurante que celle consistant à créer des images de toutes pièces. Mais une chose est sûre : nous n’avons pas fini d’entendre parler de ce sujet.