Des citoyens de Saint-Bruno-de-Montarville sont excédés de voir les cerfs affamés du parc national voisin saccager leurs terrains en dévorant tout ce qu’ils peuvent se mettre sous la dent.
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«Les pommiers, c’est la razzia chaque année. Ils sont même capables de monter sur leurs pattes arrière pour manger les feuilles et les pommes dans l’arbre», lance Élie Tremblay, en pointant les deux arbres vidés de leurs fruits devant sa maison, près du chemin de la Rabastalière.
Quand il a emménagé il y a quatre ans, il voyait un cerf environ une fois par mois. Maintenant, c’est un troupeau de cinq ou six par jour.
Il a dû installer une clôture pour protéger le jardin derrière chez lui, dont l’allée était devenue une «autoroute à cerfs» où les animaux détruisaient tout sur leur passage avant de s’installer pour dormir.
Le Journal a parlé à six résidents des alentours qui tentent tant bien que mal d’adapter leurs habitudes de jardinage à la prolifération des cervidés
«J’essaie de planter des fleurs que les cerfs ne mangeront pas. Les hostas, les tulipes, même les rosiers, ils les mangent», indique par exemple Adam Mizera.
Si bien qu’à la pépinière Auclair de Saint-Bruno-de-Montarville, la gestionnaire, Julie Blanchette, constate une hausse des demandes pour les plantes que les cerfs ne mangent pas.
«Les gens veulent remplacer les végétaux qu’ils ont détruits», explique celle qui travaille à la pépinière depuis 15 ans. Elle conseille les plantes à épines pour décourager les cervidés, mais avec la surpopulation du parc Mont-Saint-Bruno, les animaux sont devenus peu «regardants», selon elle.
SURPOPULATION
Saint-Bruno-de-Montarville vit un problème semblable à celui de la ville de Longueuil, qui procédera par abattage à la réduction du cheptel de cerfs, en surnombre au parc Michel-Chartrand. Rappelons qu’à Longueuil, plus d’une centaine de cerfs seraient présents au parc, un nombre qui serait en hausse de 50 % par rapport à l’année dernière, et cela alors que l’écosystème du parc ne pourrait en soutenir qu’environ une douzaine.
La présidente de la Fondation du Mont-Saint-Bruno, Tanya Handa, explique qu’avec 15,3 cerfs au kilomètre carré, présentement dans le parc, la densité est trois fois plus élevée que la capacité de l’écosystème, établie à 5 cerfs au kilomètre carré.
«La forêt et la végétation se sont dégradées de façon massive. Les cerfs sortent du parc parce qu’ils n’ont rien à manger», souligne la professeure à l’UQAM, biologiste de formation.
La surabondance de cerfs de Virginie est commune dans les milieux urbains où les prédateurs comme le loup et le coyote ont été éliminés, mentionne pour sa part Martin-Hugues St-Laurent, professeur d’écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski.
«Ces cerfs-là essaient de survivre. Ils sont en mauvaise condition physique et ils vont chercher la nourriture là où elle se trouve», résume-t-il.
Pour Martin-Hugues St-Laurent, Saint-Bruno-de-Montarville doit suivre l’exemple de Longueuil et procéder à l’abattage, la solution la moins coûteuse pour diminuer la densité et éviter que les cerfs aillent se nourrir sur des propriétés privées.
UN PLAN QUI SE FAIT ATTENDRE
La Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) a annoncé en février qu’elle prévoyait abattre 200 cerfs au Mont-Saint-Bruno et aux Îles-de-Boucherville, un plan que Tanya Handa est impatiente de voir se concrétiser.
À cet égard, la société d’État est avare de détails. «Nous ne pouvons pas nous avancer à l’heure actuelle sur un échéancier et un plan d’action», indique-t-on par courriel.
La Ville de Saint-Bruno-de-Montarville refuse toute demande d’entrevue, arguant que le dossier des cerfs est de juridiction provinciale.