LONDRES | La première ministre Liz Truss était jeudi sous pression croissante pour abandonner certaines parties de son plan budgétaire contesté, mais son ministre des Finances Kwasi Kwarteng également sur la sellette a exclu de démissionner.
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Certains conservateurs évoquent déjà des noms pour remplacer Liz Truss, un mois après son arrivée à Downing Street.
À la question de savoir si lui et Liz Truss seraient encore là dans un mois, le ministre des Finances a été catégorique jeudi à Washington : «absolument, 100%. Je ne vais nulle part», a-t-il déclaré à des médias britanniques, face aux doutes sur son avenir.
Il a ajouté qu’il restait «totalement concentré sur la mise en place du mini-budget», dont l’annonce le 23 septembre a déstabilisé les marchés et divisé son propre camp conservateur.
Au pouvoir depuis 37 jours, Liz Truss semble de plus en plus dans une impasse, sauf à se résoudre à une nouvelle volte-face, par rapport à ce «mini-budget» qui prévoit des baisses massives d’impôts sans financement clair.
Si elle maintient pour l’instant le cap, des députés conservateurs l’enjoignent en privé de revenir sur certains éléments de ce plan, notamment l’annulation d’une hausse prévue de l’impôt sur les sociétés.
Selon le Financial Times, des discussions étaient en cours jeudi à Downing Street sur un éventuel revirement.
«Des députés conservateurs sont en train de sonder pour un possible remplacement de Kwasi Kwarteng et même éventuellement de Liz Truss», avait affirmé plus tôt dans la journée sur la BBC Paul Goodman, ancien député et rédacteur en chef de ConservativeHome, un site très influent chez les Tories britanniques.
«Toutes sortes de noms sont évoqués», a-t-il ajouté en évoquant notamment Rishi Sunak, l’ancien rival de Liz Truss lors de la campagne pour Downing Street.
Mais Downing Street a insisté sur le fait que la position de l’exécutif «n’avait pas changé» et que la première ministre et son ministre des Finances étaient «concentrés sur la mise en place de leur plan pour la croissance».
«Idée désastreuse»
Le congrès des conservateurs au début du mois avait déjà été marqué par les tensions et dissensions internes.
«Les députés qui font circuler un tableau de noms sur qui devrait remplacer Truss ne tiennent pas compte du fait qu’ils ne peuvent pas imposer au public britannique un autre Premier ministre pour lequel le public n’a pas voté», a réagi sur Twitter l’ancienne ministre Nadine Dorris, soutien de Liz Truss, confirmant ainsi l’existence de ce tableau.
Liz Truss, 47 ans, nommée première ministre le 6 septembre pour remplacer Boris Johnson, est la quatrième dirigeante conservatrice depuis 2016.
«Changer de leader serait une idée désastreuse politiquement et économiquement», a estimé le ministre des Affaires étrangères James Cleverly, dépêché jeudi matin sur plusieurs radios et télévisions pour défendre la politique de Mme Truss.
«Maxi pagaille»
En présentant le «mini-budget» fin septembre, «il s’agissait de nous assurer que les impôts baissent pour 30 millions de personnes et ce sont des messages très forts. Je pense que nous devons absolument nous y tenir», a-t-il défendu sur Sky News alors que l’inflation frôle les 10% dans le pays.
Après l’annonce de ces baisses d’impôts massives sans financement clair, les marchés ont violemment réagi. La livre sterling a atteint fin septembre un plus bas historique, suscitant des réactions du Fonds monétaire international et de la Banque d’Angleterre.
L’ancien secrétaire d’État et député conservateur David Davis a dénoncé la «maxi pagaille» créée par ce «mini-budget» et suggéré que certaines baisses d’impôts soient revues.
Jeudi, après une réunion avec Kwasi Kwarteng, la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a estimé que si des éléments probants penchaient en faveur d’un «recalibrage» des mesures annoncées, alors «il est bon pour les gouvernements de le réaliser».
Lors de la séance hebdomadaire de questions au premier ministre mercredi, Mme Truss, huée par l’opposition travailliste, a exclu de couper dans les dépenses publiques pour financer ses baisses d’impôts, répétant qu’elle misait sur la croissance pour sortir le pays de la crise.