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« Relève féministe » ne veut plus rien laisser passer

"Relève féministe" ne veut plus rien laisser passer



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Créé après que le député insoumis Adrien Quatennens a reconnu des violences conjugales sur son ex-compagne, et face à l’absence de réaction des responsables de plusieurs partis de gauche, le collectif Relève féministe entend renverser le « système de protection des agresseurs » au sein de la classe politique et plus largement des milieux militants.

Elles sont plus de 500, pour la plupart militantes au sein de partis politiques, et forment la Relève féministe. Le collectif est né mardi 20 septembre, dans le sillage de l’affaire Adrien Quatennens qui a reconnu des faits de violences conjugales. Dans une tribune publiée par Libération, elles dénoncent « un système de protection des agresseurs en politique » et réclament la démission du député LFI du Nord.

« Que les choses soient claires : les agresseurs et auteurs de violences ne peuvent pas représenter nos combats politiques », écrivent ces féministes parmi lesquelles la porte-parole du PS Gabrielle Siry-Houari, la fondatrice de MeTooThéatre Marie Coquille-Chambel, l’autrice Klaire fait Grr, l’historienne Mathilde Larrère ou encore la journaliste Elsa Wolinsky.

Leur présence sur Twitter est massive. Beaucoup d’entre elles ont ajouté le hashtag #RelèveFéministe à leur nom sur le réseau social pour se revendiquer d’un mouvement qui entend cibler les organisations publiques et ne leur laissera plus rien passer.

Le déclic s’est produit dimanche dernier, quelques heures après le communiqué du député insoumis Adrien Quatennens, où il admet avoir « giflé » son épouse avec laquelle il est en instance de divorce. Quelque 150 militantes se réunissent alors et s’attellent à la rédaction d’une tribune : elles refusent que des hommes violents prennent la tête des partis au sein desquels elles militent, et ne veulent pas que l’omerta perdure « grâce à des complicités, des comportements identifiés et une lâcheté connivente ».

Une société patriarcale et un phénomène de « starification »

« Lorsqu’un groupe politique porte un programme féministe, notamment sur le plan des droits des femmes et de la lutte contre les violences de genre, on est en droit d’attendre de lui qu’il cesse de protéger les agresseurs et qu’il soutienne inconditionnellement les victimes des violences patriarcales », écrivent-elles. Ces dernières condamnent notamment « avec la plus grande fermeté la réaction de Jean-Luc Mélenchon » qui, dans un tweet de soutien à Adrien Quatennens, a salué dimanche le « courage » du député du Nord, qui s’est mis en retrait du parti.

C’est ce que précise Hanane Ameqrane, militante féministe lesbienne antiraciste des quartiers populaires, face à la surprise que peut susciter ce tsunami en cours dans les milieux militants de gauche et d’extrême gauche. « C’est à l’image de la société toute entière », dit-elle. « Une société patriarcale dans laquelle est observé un phénomène de ‘starification’ qui veut que des Éric Coquerel, des Adrien Quatennens, ou encore des Taha Bouhafs soient ‘starisés’, et rendus intouchables et inamovibles, renforçant ainsi l’omerta autour des violences sexistes et sexuelles dans les milieux militants. »

« C’est quelque chose que je constate dans tous les milieux – politiques, associatifs, syndicaux – depuis que j’ai commencé à militer », déplore celle qui est également surnommée « Lady Gaza ». Elle milite depuis ses 18 ans, et en a aujourd’hui 39.

Comment les militantes comptent-elles changer les choses au sein des partis ? « Il y a déjà des cellules qui existent dans les partis politiques, on ne peut pas se substituer à la justice, mais on essaie de mettre en place des cellules qui permettent l’écoute des personnes victimes et prennent des mesures qui soient à la hauteur de ce qui s’est passé », explique Mathilde Millat, féministe et militante au NPA (Nouveau parti anticapitaliste).

Selon la militante lyonnaise, ces cellules n’existent pas au sein de tous les partis politiques, « notamment à droite », et quand bien même elles existent, celles-ci ne vont pas jusqu’au bout de leur action. « Une fois que la parole est recueillie, on s’arrête là dans la majeure partie des cas », dit-elle, regrettant que les personnes accusées de violences sexistes et sexuelles ne soient pas suspendues de leur mandat et de leurs activités politiques le temps de la procédure.

« Il y a des cas de personnes accusées dans tous les partis », poursuit-elle, évoquant des dirigeants politiques bien au fait mais néanmoins passifs. Dans l’affaire Julien Bayou, Relève féministe a notamment pointé le fait que la commission violences sexistes et sexuelles (VSS) d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) s’était autosaisie suite à des suspicions de violences conjugales et psychologiques commises par le secrétaire national d’EELV sur son ex-compagne, mais que rien ne s’est produit depuis.

Des militantes féministes ont fait resurgir, lundi, leurs interrogations à l’égard du secrétaire national d’EELV, suspecté de violences sexistes. En direct dans l’émission « C à Vous » sur France 5, la militante écologiste Sandrine Rousseau a répondu, faisant part du témoignage d’une ex-compagne de Julien Bayou et rapporté des accusations de « comportements de nature à briser la santé morale des femmes ».

L’affaire était déjà connue de la cellule d’écoute et d’enquête sur les VSS du parti et Julien Bayou s’était déjà exprimé à ce sujet en juillet auprès du Figaro.

Ce dernier s’est depuis mis en retrait de la coprésidence du groupe à l’Assemblée nationale.

« On a également attiré l’attention sur Thomas Portes (LFI) après plusieurs saisies de cellules, dont une à la CGT, et hier on a pointé Damien Abad (Renaissance) en signalant qu’il est toujours parlementaire et qu’on a l’impression qu’il n’y aura pas de suite aux accusations de viol et tentatives de viol dont il fait l’objet », déplore la militante du NPA.

« Des militantes qui se parlent et échangent des noms »

Dans leur tribune, citant toute une série de responsables politiques mis en cause dans des affaire de violences sexistes et sexuelles, les militantes féministes affirment qu' »aucune organisation militante ne peut raisonnablement considérer qu’elle n’est pas concernée. C’est un système qui perdure grâce à des complicités, des comportements identifiés, une lâcheté connivente ».

« Nous refusons de militer avec des hommes auteurs de violences, ou leurs amis complices », poursuivent les autrices du texte, estimant qu’il est « grand temps de faire de la place politique aux féministes qui luttent au quotidien contre les violences sexistes et sexuelles ».

Au sein des partis de gauche, « on a peut-être l’impression qu’il y a un fossé entre le NPA et Génération.s, mais ce sont des militantes qui se parlent et s’échangent des noms », rappelle Mathilde Millat. « C’est comme au sein de certaines familles », ajoute Hanane Ameqrane, « il y a des noms qui circulent : ‘attention à tel tonton, il a les mains baladeuses…’, c’est le même principe ».

Et bien souvent, les choses se savent depuis longtemps. « Nous, on veut libérer la parole à une plus grande échelle », reprend Mathilde Millat. « On ne veut pas que ça reste dans le milieu féministe, on veut que ces choses se sachent et qu’il y ait des mesures qui soient mises en œuvre pour les auteurs de violences. »

Comme aime à le dire Hanane Ameqrane : « Militer n’est pas vital ». La militante féministe lesbienne estime en effet que les militants accusés de violences doivent tout bonnement partir, afin d’éviter aux victimes elles-mêmes de devoir fuir. « Trop de militantes se sont tues ou sont parties », déplore-t-elle, évoquant notamment l’affaire Samir Elyes, accusé de violences physiques et psychologiques par deux mili­tantes du col­lec­tif Vérité et Justice pour Adama. « Aujourd’hui, les victimes doivent pouvoir partir en dénonçant, ou rester et assister au départ de l’agresseur. »

Dans les milieux militants aussi, la honte doit changer de camp. C’est ce que rappelle Mathilde Millat dans une série de tweets publiée au lendemain de la création du collectif. « Être de gauche, c’est soutenir les luttes d’émancipation comme la lutte féministe. Ce qui décrédibilise la gauche ce n’est pas les témoignages de VSS, c’est les dirigeants et les partis qui ne réagissent pas. »




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