Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a choisi de lutter activement pour minimiser le gaspillage alimentaire dans ses centres de soins, à tel point qu’il est considéré dans le système de santé comme l’un des précurseurs qui tentent d’amorcer un virage plus responsable.
Tous les ans, le système de santé canadien consacre 4 milliards $ à la nourriture, mais il est estimé que près de la moitié des repas finissent à la poubelle. Une situation qui devient de plus en plus problématique en temps d’inflation et de conscience environnementale.
«La quantité de gaspillage dans les CISSS et CIUSSS est quand même impressionnante», a soulevé Sandra Paquette, conseillère en achat local à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), qui travaille avec les institutions publiques pour réduire le gaspillage alimentaire.
«Une fois qu’on a mis un plateau dans une chambre, on ne peut pas récupérer ce qui est dessus. […] On parle de berlingots de lait, de bouteilles, de pains dans les petits sachets, beaucoup d’items préemballés qu’on ne peut pas reprendre s’ils ne sont pas désinfectés», a-t-elle illustré.
Un travail de préparation
En raison des ressources limitées dans le réseau de la santé, de nombreux CIUSSS et CISSS tentent de trouver des façons innovantes pour limiter ce gâchis et peuvent s’inspirer du modèle mis en place au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
Allant de la préparation des menus à la participation des usagers, plusieurs moyens existent pour réutiliser des produits, selon Annie Marquez, coordonnatrice des services alimentaires de ce CIUSSS.
«Quand on a des ingrédients, on s’assure de les utiliser plusieurs fois pour éviter le gaspillage et si un n’est pas assez utilisé, on va l’enlever», a expliqué celle qui a rédigé un guide du menu durable pour les organisations institutionnelles.
Un service à la carte est aussi proposé pour connaître les goûts d’un usager du réseau, et une application est d’ailleurs en cours de développement pour permettre aux familles d’inscrire ces préférences et d’éviter le gaspillage.
Le projet Hôpital solidaire a également été développé pour redistribuer les surplus du CIUSSS vers des organismes communautaires afin d’aider ceux qui vivent de l’insécurité alimentaire.
Une cible d’achat local
L’alimentation durable comprend un volet de réduction du gaspillage alimentaire, mais aussi la valorisation de l’achat local.
Québec s’est d’ailleurs engagé à doter toutes les institutions publiques d’une cible d’achat local d’ici 2026, une décision qui intéresse des gestionnaires puisqu’il est possible d’économiser des sous.
Engagé sur cette voie depuis quatre ans, le CIUSSS montréalais avait atteint la cible de 59% d’aliments québécois à sa deuxième année, mais ce taux pourrait redescendre quelque peu. «On est tributaire de contrats avec le Centre d’acquisitions gouvernementales (CAG) et parfois on n’a pas le choix de prendre ce qui est offert», a mentionné Mme Marquez.
Puisqu’il peut être difficile pour une ferme québécoise de livrer des aliments à un CIUSSS en raison de sa grandeur, des points de service sont en cours de développement pour qu’il lui soit possible de fournir des aliments qui seront ensuite transformés et livrés à chaque centre.