Twitter croule sous les tweets haineux depuis son rachat par Elon Musk. C’est le résultat de plusieurs recherches du Center for Countering Digital Hate et de l’Anti-Defamation League, deux organismes indépendants qui veillent à la sûreté des contenus sur les réseaux sociaux. Les organismes présentent des études alarmantes sur l’augmentation des insultes racistes, antisémites et homophobes. Une analyse relayée par le New York Times vendredi 2 décembre.
Les insultes racistes en hausse de 200 %
Selon les recherches des deux ONG, les insultes contre les Afro-Américains ont bondi de plus de 200 % depuis le rachat du réseau social par Musk. Dans le même temps, la haine contre les homosexuels est en hausse de 58 %. Du côté des contenus antisémites, l’augmentation est de 61 % sur la même période. Cette explosion des contenus haineux aurait débuté peu après l’annonce de la nouvelle politique en matière de modération des contenus promue par le nouveau propriétaire de la plateforme.
Depuis son arrivée aux commandes du réseau social, Elon Musk a rétabli de nombreux comptes précédemment suspendus pour atteinte aux règles du réseau. Le retour de ces profils problématiques pourrait expliquer, en partie, la recrudescence des insultes en tout genre. Aux États-Unis, plusieurs membres du mouvement complotiste d’ultra-droite QAnon ont pu faire leur comeback sur le réseau social. Certains des membres incriminés disposent même d’un badge bleu, associé à l’abonnement Twitter Blue. La visibilité de ces comptes est dès lors décuplée.
« Elon Musk a envoyé le Bat Signal à tous les racistes, misogynes et homophobes pour leur faire savoir que Twitter était ouvert aux affaires » et « ils ont réagi en conséquence« , analyse Imran Ahmed, directeur du Center for Countering Digital Hate.
Musk réfute les faits
Pour Elon Musk, Twitter se devait d’être le réseau social de la liberté d’expression la plus ouverte possible. En avril 2022, le milliardaire américain affirmait d’ailleurs être un « absolutiste de la liberté d’expression. »
Les données dévoilées par les deux ONG n’ont pas manqué de faire réagir le nouveau patron de Twitter. Comme à son habitude, Elon Musk s’est défendu sur son réseau social préféré en expliquant, tout naturellement, que les études menées par les chercheurs indépendants étaient « totalement » fausses.
Rapidement, le fantasque dirigeant a diffusé sa propre vision de la haine en ligne sur la plateforme, en s’appuyant sur un graphique non sourcé ni même détaillé. Ce dernier indique que l’affichage des contenus haineux sur le réseau aurait diminué depuis le changement de la direction de Twitter. « Les visionnages de discours haineux (nombre de fois où le tweet a été vu) continuent de diminuer, malgré une augmentation significative du nombre d’utilisateurs ! […] La négativité devrait [obtenir] et obtiendra moins de portée que la positivité« , a assuré Musk. Et d’ajouter : « Il y a environ 500 millions de tweets par jour et des milliards de visionnages. […] Les discours haineux représentent moins de 0,1 % de ce qui est vu sur Twitter !«
Ces dernières semaines, Twitter a licencié massivement au sein de ses équipes, notamment les sous-traitants en charge de la modération des contenus. Cette diminution du facteur humain dans le processus pourrait contribuer à la hausse de la haine en ligne constatée par les chercheurs. Une situation qui ne semble pas près de se terminer compte tenu de la nouvelle politique de modération. Selon Ella Irwin, nouvelle responsable de la confiance et de la sécurité de l’entreprise, citée par Reuters, à l’avenir, la modération des contenus passera davantage par un processus algorithmique que par une décision humaine. Un choix plus que douteux dans le contexte actuel.