L’agression au couteau d’un homme dimanche soir dans le Quartier chinois est le point culminant d’incivilités quotidiennes liées à la population croissante de personnes itinérantes, déplorent des résidents du secteur.
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Toxicomanie, violence, actes sexuels en pleine rue : Jean-Philippe Riopel a vu de tout devant la porte de son appartement.
«J’appelle quasiment tous les jours [au 9-1-1], ce n’est pas une blague, s’insurge celui qui a publiquement milité pour la conservation du Quartier chinois. Toutes les nuits, on entend crier, et je n’exagère pas.»
Un autre incident s’est produit non loin de chez lui, dimanche soir, à l’intersection des rues Clark et de la Gauchetière, un endroit fréquenté par la population itinérante.
Une altercation aurait dégénéré entre plusieurs individus et la victime, avant que celle-ci ne soit poignardée au moins une fois au haut du corps.
La victime de 34 ans, qui vivait dans la rue depuis quelques années, était connue des policiers. Elle est morte à l’hôpital et la police cherche encore l’auteur du crime. C’est le 34e meurtre de l’année sur le territoire montréalais.
«Ce n’est plus sécuritaire comme c’était», indiquait au Journal M. Riopel, quelques minutes avant qu’un homme se pose devant sa porte pour fumer du crack en plein jour.
Présence grandissante
Selon les intervenants consultés par Le Journal, la présence d’au moins quatre organismes d’aide dans les environs contribue directement à l’affluence des sans-abris.
James Hughes, président et chef de la direction à la Mission Old Brewery, rappelle pour sa part que la pandémie a compliqué l’accès aux services d’aide, et empiré certaines problématiques chez la population itinérante.
«Ce soir, il y aura […] 4000 personnes en situation d’itinérance à Montréal, note-t-il. Ce n’est pas surprenant que les installations soient débordées. Ce n’est pas juste Old Brewery, c’est tout le secteur.»
«Ce n’est pas non plus surprenant que de temps en temps, il y a des incidents et c’est tellement décevant et frustrant quand ça arrive», se désole M. Hughes.
Photo Laurent Lavoie
Devant l’endroit où un homme itinérant dans la trentaine a été poignardé dimanche soir, dans le Quartier chinois, Bryant Chang, vice-président de l’Association chinoise de Montréal et Bill Wong, directeur du Montreal Chinatown Development Council, ont dénoncé le manque d’encadrement de la population itinérante.
Solutions
À court terme, il faudra accentuer la présence policière, jugent des intervenants.
«La police doit prendre nos plaintes sérieusement. La communauté se plaint depuis deux ans et rien n’a vraiment été fait», tranche Bryant Chang, vice-président de l’Association chinoise de Montréal.
Pour James Hughes, les autorités doivent s’attaquer à la crise du logement.
«C’est ça le plus grand enjeu à Montréal, c’est la disponibilité de logements adaptés, avec services, qui ne sont pas dispendieux», résume-t-il.