La relation ultra-fusionnelle de Stripe et Amazon dure depuis 5 ans mais deviendra d’autant plus sérieuse à partir d’aujourd’hui. Le concurrent de PayPal, Square, ou encore Adyen vient d’indiquer qu’il allait renforcer ses liens et chercher à s’étendre plus largement dans les produits d’Amazon (Prime, Video, Kindle, Audible, Amazon Pay), et en laissant bénéficier la startup irlandaise d’un accès à “l’infrastructure de calcul” d’AWS (Amazon Web Service).
“Nous ne pourrions pas fonctionner sans AWS, et nous ne voudrions pas”, remarquait David Singleton, qui dirige la machine Stripe d’un point de vue technologique. Amazon ne veut pas chercher non plus à s’approprier le paiement et a compris que les solutions des fintechs, plus puissantes et rentables, poussaient aussi plus loin dans la simplicité pour les consommateurs pour que la barrière à l’achat n’en soit plus une.
Survivre à la récession
C’est une future victoire par KO qui se profile. Sur le marché, la nouvelle risque de faire grincer les dents de PayPal notamment. Les volumes de ventes dans le e-commerce sont en berne et les différents acteurs risquent de devoir faire face à une consolidation du marché. Il y a deux ans, il y en avait encore pour tout le monde alors que la crise sanitaire entraînait le milieu du paiement en ligne à des niveaux records, et que les taux d’intérêt bas permettaient aux acteurs de proposer de nouvelles sortes de micro-crédit à la consommation tel que le paiement fractionné (très lucratif).
Pour Stripe, la nouvelle est aussi une bouée de sauvetage dans cette tempête où ses revenus ont aussi été touchés. Pour la troisième fois en moins d’un an, la société a revu à la baisse sa valorisation, à hauteur de 11 % cette fois-ci, pour un total de 40 % de réduction. Elle vaut aujourd’hui aux alentours de 63 milliards de dollars (valorisation interne), loin des 95 milliards de dollars en 2021. Cela lui a valu un report d’une introduction en Bourse et un écart important dans son volume de transaction comparé à 2020 (5 000 transactions par seconde, 200 000 nouvelles entreprises inscrites).
Chez le concurrent historique PayPal, les ennuis sont d’une tout autre échelle et les investisseurs n’y croient plus. Entre juillet 2021 et novembre 2022, la fintech du paiement lancée en 1998 voyait sa capitalisation boursière fondre de trois quarts et son action n’a pas repris de couleurs depuis. Son objectif de doubler son nombre d’utilisateurs à 2025 n’est plus, et son rythme d’acquisition client a fortement ralenti.