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Narcos PQ: La cocaïne entre en première classe sur Air Canada

Narcos PQ: La cocaïne entre en première classe sur Air Canada


Les cartels sud-américains de la drogue utilisent des vols d’Air Canada qui partent de Colombie en direction de Montréal et de Toronto pour faire entrer clandestinement au pays des centaines de kilos de cocaïne par année.

C’est ce qu’a appris à notre Bureau d’enquête un narcotrafiquant du cartel de Sinaloa en jurant qu’il expédie «régulièrement» des cargaisons de coke sur des avions d’Air Canada assurant la liaison entre la capitale colombienne, Bogota, avec Montréal et Toronto. 

Il s’agit d’une des révélations étonnantes contenues dans le livre Narcos PQ – La route de la cocaïne, de la Colombie à nos rues, un collectif écrit par les journalistes de notre Bureau d’enquête et paru cette semaine. 

«Avant [2020], il n’y avait pas de vols Air Canada directs entre Bogota et Montréal. Mais dès que ça a commencé, on a starté la machine. Parce que c’est très facile», nous a assuré ce prolifique narcotrafiquant basé en Colombie, mais qui a déjà vécu dans la région de Montréal. 


Le narcotrafiquant a exhibé ce kilo de cocaïne devant nos journalistes lors d’une de leurs rencontres.

Photo Courtoisie

Le narcotrafiquant a exhibé ce kilo de cocaïne devant nos journalistes lors d’une de leurs rencontres.

IL A AVISÉ LA GRC

Ce criminel, qui affirme ne pas être le seul exportateur de coke à utiliser ce stratagème, affirme également que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en serait au courant. Mais il déplore qu’elle ne bouge pas plus souvent. 

C’est que ce trafiquant qui aime jouer dangereusement agit aussi comme informateur de police et il collabore en secret avec la GRC. 

«Pour quelques envois de produit [cocaïne] qu’on a faits, je leur ai même envoyé des vidéos. J’avais expliqué qui étaient les gars qui travaillaient à l’aéro- port de Toronto et qui devaient ramasser le produit», a expliqué celui qu’on appelle par le surnom fictif d’Angel afin de protéger son identité. 


Le tatouage du cartel de Sinaloa que le narcotrafiquant qui s’est confié à notre Bureau d’enquête arbore sur l’épaule.

Photo Courtoisie

Le tatouage du cartel de Sinaloa que le narcotrafiquant qui s’est confié à notre Bureau d’enquête arbore sur l’épaule.

EMPLOYÉS CORROMPUS

Angel a précisé que chacun des envois de coke par avion pèse «entre 50 et 75 kg maximum», ce qui représente une valeur de 2,5 à 3,75 millions $ sur le marché québécois de la drogue. 

La coke est surtout acheminée par fret aérien sur des vols cargo, en la faisant passer pour des marchandises légales, mais elle peut aussi être dissimulée parmi les bagages d’un avion de passagers. 

Les narcos doivent pouvoir compter sur la complicité d’employés corrompus dans les aéroports, qui ne travaillent pas nécessairement pour les compagnies aériennes. Ils ont la tâche de charger et de décharger les appareils. 

C’est ce qu’on appelle une «porte» dans le jargon des trafiquants. 

Les complices s’échangent alors des textos, des photos ou des vidéos du précieux colis et de l’endroit exact où celui-ci devra être récupéré, «avec le numéro de palette» du chargement, selon Angel. 

«La première chose que la “porte” fait quand l’avion arrive, c’est de sortir le produit avant que le monde arrive, a-t-il expliqué. Beaucoup de monde sont impliqués dans ça pour nous. Ils travaillent au ménage dans les aéroports ou mettent la bouffe dans l’avion.»

Les cartels font de même pour exporter leur coke aux États- Unis et en Europe, à partir de plusieurs pays d’Amérique latine, a ajouté notre source qui fait aussi l’objet de l’émission J.E. diffusé ce soir à TVA et en reprise à LCN en fin de semaine.

La compagnie aérienne n’est pas au courant

«Nous n’avons pas connaissance d’enquêtes en cours impliquant les opérations de notre compagnie aérienne en Colombie», a réagi Air Canada en réponse à nos informations. 

«En tant que transporteur international de premier plan, Air Canada prend très au sérieux ses responsabilités en vertu des lois canadiennes et étrangères. Nous collaborons pleinement avec les autorités chargées de l’application de la loi au Canada et à l’étranger», a ajouté son service des relations avec les médias dans un courriel à notre Bureau d’enquête. 

L’entreprise a également rappelé que «les contrôles de sécurité des passagers, du fret et des bagages, ainsi que d’autres contrôles connexes dans les aéroports et aux frontières, relèvent de la responsabilité de divers niveaux de gouvernement». 


En 2006, l’Agence des services frontaliers du Canada et la Gendarmerie royale du Canada avaient saisi d’importantes quantités de cocaïne à l’aéroport Montréal-Trudeau durant l’opération Colisée.

Photo d’archives, le Journal

En 2006, l’Agence des services frontaliers du Canada et la Gendarmerie royale du Canada avaient saisi d’importantes quantités de cocaïne à l’aéroport Montréal-Trudeau durant l’opération Colisée.

QUELQUES PRÉCÉDENTS

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a tout de même mené un certain nombre d’enquêtes antidrogue au pays, ayant permis d’appréhender des employés corrompus de transporteurs aériens dans le passé. 

Où a-t-on saisi de la cocaine de 2017 à 2022
Où a-t-on saisi de la cocaine de 2017 à 2022

Source : Agence des services frontaliers du Canada

À Toronto, la police fédérale a notamment appréhendé six employés d’Air Canada en 2000 et deux employés de Sunwing en 2019 pour leur participation à des importations de stupéfiants. 

À Montréal, l’opération antimafia Colisée de la GRC, en 2006, a aussi fait condamner plusieurs bagagistes et employés d’une compagnie privée qui était mandatée pour assurer des services alimentaires et hygiéniques dans les avions d’Air Canada.

 



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