La stratégie de l’Union européenne en matière de microprocesseurs est en train de se mettre en place, mais les défis restent nombreux. En effet, alors que les Vingt-Sept et le Parlement ont conclu un accord portant sur un règlement sur les microprocesseurs en 2022, les concurrents américains et chinois avancent à grands pas dans le domaine des semi-conducteurs, ce qui pose la question de savoir si l’Europe pourra rattraper son retard à temps. Le but de cette proposition est de doubler la part de marché de l’UE dans le domaine, qui représente actuellement 10%, d’ici quelques années.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’UE a prévu de mobiliser 46 milliards d’euros de capitaux privés et publics, ainsi que d’assouplir les règles sur les aides d’Etat. Cette initiative est cruciale, car elle pourrait permettre à l’Union européenne de peser dans les marchés du futur, pour lesquels les semi-conducteurs les plus avancés sont essentiels. Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, estime que cette mesure permettra de « rééquilibrer et sécuriser nos chaînes d’approvisionnement ».
Cependant, le temps est compté, car l’UE doit mobiliser rapidement des capitaux pour la recherche et le développement sur les puces de dernière génération et lancer des sites de production pour être en compétition avec les géants américains et chinois. Ces besoins urgents sont exacerbés par l’administration Biden, qui a mis en place une politique de « clean tech », avec l’Inflation Reduction Act, qui prévoit 369 milliards de dollars de crédits d’impôts, de prêts et de garanties aux fabricants de batteries, de panneaux solaires ou de réseaux électriques intelligents et le Chips and Science Act, qui prévoit une enveloppe de 54 milliards de dollars pour les puces électroniques, composants essentiels à de nombreux secteurs stratégiques.
Joe Biden mène une campagne « America first » résolue, avec l’objectif de faire de l’Amérique un leader dans le domaine des semi-conducteurs. En huit mois, les Etats-Unis ont drainé 204 milliards de dollars vers les technologies bas carbone et les semi-conducteurs, dans un souci de renouveau économique pour certains secteurs abandonnés.
Face à cette concurrence, il est crucial de ne pas perdre de vue les nouveaux enjeux économiques tels que les clean techs. Le marché global pourra atteindre 1 300 milliards de dollars à la fin de la décennie, et l’UE doit absolument réussir à se positionner sur ces nouveaux marchés pour conserver sa place de puissance économique mondiale. Il est donc impératif que l’Union européenne continue de mobiliser des capitaux pour la recherche et le développement et de lancer au plus vite des sites de production de semi-conducteurs pour rester compétitive.