in

Laurent Berger, l’homme qui ne voulait pas de l’Elysée

Laurent Berger, l’homme qui ne voulait pas de l’Elysée


A quoi ressemble le jour d’après la bataille ? Descendre faire les courses – il n’y a plus de café à la maison –, passer chez le primeur, le boucher… Une balade aussi utile qu’agréable, mais devenue malaisée depuis que Laurent Berger, 54 ans, est devenu une sorte de Lula de l’Est parisien, où il habite – depuis trois mois et le début de la contestation contre la réforme des retraites, il est ralenti par des passants qui lui broient l’épaule. Mais, en cette matinée du samedi 15 avril, l’analyse de la destinée de l’ex-syndicaliste devenu président du Brésil attendra, car il faut acheter de quoi cuisiner un sauté de poulet à la mangue pour un repas familial. Laurent Berger adore découper les légumes en musique, ça le détend.

Dans la nuit de vendredi à samedi, Emmanuel Macron a promulgué la loi sur la retraite à 64 ans, tout juste validée par le Conseil constitutionnel. Laurent Berger digère la nouvelle en avalant son petit déjeuner, ce qui n’est pas commode. Gong final sur un ultime uppercut présidentiel. Mais pas de blues. Il trouve la promulgation « gonflée », car rapide, mais il n’est pas surpris. Il pense aussi à autre chose : la CFDT a enregistré 30 000 nouvelles adhésions depuis janvier.

Il appelle sa numéro deux, Marylise Léon, il a trouvé une métaphore d’actualité à son goût : « Le match se déroule, il y a un fait de jeu, le 49.3, et le résultat se joue sur tapis vert, au Conseil constitutionnel. Ce n’est pas illégal, mais ça ne respecte pas l’esprit du jeu. Même si tout ça n’est pas un jeu. » Il a besoin de s’échauffer car, à 9 h 30, il a rendez-vous dans une brasserie toute proche de chez lui avec deux journalistes du Parisien. Le leader de la CFDT défie, une nouvelle fois, le président de la République, dans une interview publiée le lendemain à la « une » du quotidien. Il plante ses banderilles avec ce ton moelleux et tempéré qui fait tourner l’exécutif en bourrique depuis janvier : « C’est psychanalytique, au bout d’un moment, le rapport qu’Emmanuel Macron a avec moi. »

Remonté à la maison, une fois vérifié que les emplettes sont bien rangées dans la cuisine – car Laurent Berger est quelqu’un d’assez maniaque –, il s’occupe de son jeune fils. Le partage des tâches parentales et ménagères est encore moins négociable qu’un projet de réforme. Ce qui permet à Mireille Le Corre, secrétaire générale de la Défenseure des droits, de nous rejoindre dans une brasserie pour mesurer l’état de marche de son mari après trois mois dans la lessiveuse :
« Un rythme de fou… Avec des moments de fatigue, mais il a aussi une facilité à couper, à bien dormir. Je l’ai senti combatif de bout en bout, imprégné de l’idée constante qu’il menait un combat juste. Il reste fidèle à lui-même, il n’est pas flatté par ce qui se passe autour de lui. »
Malgré un temps de présence médiatique record ? « Je peux vous assurer qu’il ne cherche pas la lumière. Et il tient à préserver la sphère privée… »

Il vous reste 88.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Café, biscuits, huiles... Ces produits toujours vendus au prix fort malgré la baisse des coûts de production

Café, biscuits, huiles… Ces produits toujours vendus au prix fort malgré la baisse des coûts de production

Les lois Biden en faveur de l’industrie, formidable dopant du « made in America »

Les lois Biden en faveur de l’industrie, formidable dopant du « made in America »