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les « leçons de morale des Français » passent très mal à Doha

les « leçons de morale des Français » passent très mal à Doha


A Doha, les Qataris égrènent le nombre de jours qui restent avant l’ouverture du Mondial (20 novembre-18 décembre) dans un mélange d’excitation et d’appréhension. A la fierté d’être le premier pays arabe à accueillir cet événement planétaire se mêle une inquiétude diffuse, liée à l’arrivée programmée de 1,5 million de supporteurs étrangers. Une présence qui sera impossible à manquer dans ce tout petit territoire, grand comme l’Ile-de-France et peuplé à ce jour de 2,9 millions d’habitants, dont 10 % d’autochtones et 90 % de travailleurs migrants.

« C’est comme si 35 millions de personnes débarquaient subitement en France », fait remarquer un entrepreneur qatari, attablé dans un restaurant de West Bay, le quartier d’affaires de Doha. Le chiffre de 1 600 atterrissages par jour, durant la trentaine de jours du tournoi, donné début juillet par un directeur de l’aviation civile, a particulièrement frappé les esprits. « C’est un avion toutes les cinquante secondes, poursuit cette source, qui s’exprime sous réserve d’anonymat, de peur de s’attirer les foudres des autorités. Aura-t-on les moyens de tester tous ces gens au Covid ? D’éviter les mouvements de foule et un engorgement de la ville ? Je souhaite que la Coupe soit un succès mais je me pose des questions. »

Lire aussi : Coupe du monde au Qatar : de Strasbourg à Paris, ces villes qui refusent de diffuser le Mondial

Ces derniers jours, ces soucis ont été relégués au second plan par la montée en France des appels au boycott de la compétition. Les maires des principales villes de l’Hexagone, comme Paris, Lyon, Marseille, Lille et Toulouse, ont annoncé qu’ils n’installeraient pas d’écrans géants pour diffuser les matchs. Une position qu’ils justifient par la facture carbone du Mondial, possiblement très élevée, et les rapports d’ONG de défense des droits humains, faisant état de « milliers » de morts parmi les travailleurs étrangers ayant bâti les infrastructures nécessaires à la tenue du tournoi.

« Arrêter de tout politiser »

A Doha, ce flot de critiques passe très mal auprès de la population. « Je me sens offensé et je pense que 90 % des Qataris ressentent la même chose, confie un cadre du secteur bancaire, dans le calme de son bureau. C’est facile de donner des leçons de morale avec un air de supériorité. Regardez tous ces migrants qui meurent sur les rives de la Méditerranée. C’est cela les droits de l’homme en Europe ? N’était-il pas possible de sauver ces gens ? Les chiffres de morts sur les chantiers sont manipulés pour salir notre réputation. »

Les communiqués des organisations LGBT, s’inquiétant de possibles discriminations contre les supporteurs homosexuels, suscitent également de l’agacement. « Le Qatar est un pays musulman, avec un système de valeurs musulman, fait valoir le banquier. Que les fans de football respectent ces valeurs, est-ce trop demander ? Il faut arrêter de tout politiser, ce ne sont que des matchs de football. Et puis, après tout, en Occident, les droits des LGBT n’ont émergé que très récemment. »

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