L’approvisionnement en médicaments connaît des problèmes croissants en Suisse. L’hiver prochain pourrait être difficile en cas de nouvelle vague Covid couplée à une vague de grippe, la crise énergétique et la guerre en Ukraine.
Les raisons en sont complexes, allant du manque de capacités de transport à une pénurie de matières premières ou des raisons économiques.
Actuellement, 111 médicaments vitaux figurent sur la liste des perturbations de l’approvisionnement émise par l’Office fédéral de l’approvisionnement économique (OFAE). Mais cette liste n’est pas complète: certains produits vitaux ne sont pas soumis à l’obligation d’annonce, relève l’OFAE.
La situation est particulièrement tendue pour les anti-infectieux par injection et les opioïdes oraux à libération prolongée. Les pénuries ne sont pas liées à la guerre d’Ukraine, mais existaient déjà avant, précise l’office.
En 2021, le nombre de notifications de perturbations d’approvisionnement en médicaments vitaux à usage humain saisies sur la plateforme ad hoc s’élevait à 137, un ordre de grandeur stable par rapport à 2020, indique cette instance dans son rapport annuel.
Chaîne d’approvisionnement
Les groupes de médicaments le plus souvent touchés étaient aussi les analgésiques (29%), suivis des antibiotiques (25%), des antimycosiques et des vaccins (10% des notifications chacun).
Dans 63% des cas, les perturbations étaient liées à des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, et dans 20% des cas à une hausse soudaine de la consommation (contre 32% en 2020 et 18% en 2019). Les retraits du marché représentaient 18% des perturbations notifiées. La moitié de ces retraits portaient sur des antibiotiques.
La mondialisation et la centralisation de la fabrication de ces produits, notamment de la production de principes actifs, jouent un rôle important dans les difficultés de fourniture, souligne l’OFAE.
Recours aux réserves
Face à un problème de pénurie, la Confédération publie des recommandations sur les possibilités de substitution, par des génériques ou un autre traitement, le recours aux réserves obligatoires, à des importations ou d’éventuelles restrictions d’utilisation.
Les réserves sont actuellement utilisées pour compenser le manque d’anti-infectieux et d’opioïdes oraux. Ce recours aux réserves obligatoires est de plus en plus fréquent. Ainsi, 89 autorisations à y recourir ont été émises en 2021, contre 71 en 2020 et 57 en 2019.
S’agissant du Covid, la surconsommation de substances actives pertinentes pour cette maladie a pu être couverte entre-temps par les entreprises. La situation d’approvisionnement est actuellement la même qu’avant la pandémie. Mais il subsiste des problèmes le long des chaînes d’approvisionnement dus au Sars-Cov-2, constate malgré tout l’OFAE.
Catalogue de mesures réexaminé
Fondamentalement, le marché des médicaments est confronté à des stocks limités, de longs délais de livraison et des conditions logistiques difficiles. Des problèmes supplémentaires dus à des capacités de production réduites à l’étranger et en Suisse, notamment en raison de la pénurie de gaz et d’énergie en général, pourraient accroître les difficultés d’approvisionnement.
Face à cette situation, l’OFAE et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ont reçu en février du Conseil fédéral le mandat de réexaminer le catalogue de mesures existant pour assurer la sécurité des fournitures.
ats/asch